samedi 26 décembre 2009

Pour tous ceux qui passent encore par ici, je voudrais souhaiter un joyeux Noël et une très bonne année 2010 ! Cela fait longtemps que je n'ai pas donné de nouvelles et je m'en excuse, mais c'est vrai que maintenant que tout va bien pour nous, il n'y a plus grand chose à raconter ! Nous avons passé les premiers mois dans notre appartement à tout emménager, il ne reste que de petites bricoles à faire, mes amis ont été épatés de ma rapidité. Il n'y a plus aucun carton, tout est en place, c'est convivial et chaleureux. Je me suis efforcée d'occuper les lieux du mieux que j'ai pu : disposer et redisposer les meubles, accrocher des étagères, pendre des rideaux aux fenêtres, mettre des guirlandes au mur, des dessins et des affiches, quelques plantes vertes ici ou là, de vieilles bouteilles vides héritées de mon grand-père. Progressivement, notre maison s'est vue habitée par les esprits du foyer ! Les premières semaines, lorsque les enfants étaient couchés, je restais en contemplation, plantée au milieu du salon à regarder notre chez-nous, je n'en revenais pas. Tout me paraissait incroyable, trop beau, trop paisible. Maintenant on se sent vraiment chez nous. On peut quitter l'appartement et le retrouver au grè de nos envies, sans l'angoisse de me demander où nous irons après, nous savons qu'à notre retour tout sera là. J'ai fait vite pour pouvoir passer à autre chose : après un an et demi à avoir passé tout mon temps à chercher des endroits où vivre, maintenant je suis libre de partir et de revenir comme bon me semble, sans plus me préoccuper de la maison. Ma grosse valise rouge est dans ma chambre, bien rangée, elle n'a plus bougé depuis le mois de juillet.

Récemment mon frère a reçu l'appel d'une personne en plein désarroi concernant la situation d'une de ses amies qui s'est retrouvée sans logement avec deux grands adolescents. Aujourd'hui, j'ai aussi reçu un mail d'une personne s'inquiétant pour une amie qu'elle héberge avec sa petite fille de trois ans. Cela m'attriste, car je comprends bien leur situation pour l'avoir vécue, mais je ne suis pas à même de leur trouver des solutions. Je me sens totalement dépourvue. Je n'ai pas de formule toute faite. Notre histoire est particulière, il y a eu un tel engouement autour du blog, cela a peut-être contribué à accélérer mon dossier HLM. Mais si c'est grâce à cela, je ne suis pas sûre que cela pourrait marcher à chaque fois... C'est pourquoi il faut continuer à se mobiliser pour les mal-logés, pour l'application de la loi sur les réquisitions, et pour qu'il y ait davantage de logements (vraiment) sociaux à Paris.

En ce moment et pour un temps indéterminé, nous hébergeons une amie qui a dû quitter son appartement et qui cherche un studio. Elle avait peur que les enfants soient perturbés par sa venue... Au contraire, ils se sont très vite adaptés à cette situation, et Jules est plutôt fier d'inverser les rôles et de pouvoir aider quelqu'un. D'ailleurs, à chaque fois que ses copains viennent à la maison, il est ravi de pouvoir les accueillir dans sa chambre ; lui qui a vécu un an et demi parmi les affaires et les jouets des autres, il peut maintenant partager les siens.

Ce post est vraiment le dernier, je n'écrirai plus sur ce blog. Il avait été créé pour informer l'opinion de la réalité des mal-logés en racontant notre quotidien de famille sans logement à Paris. Maintenant que notre vie est redevenue normale, il n'a plus de raison d'être. Notre quotidien est redevenu celui de tout le monde, ni plus ni moins intéressant. Nous tournons une page. Je tiens à remercier tous les lecteurs une dernière fois pour votre soutien. Au plus profond de moi, je sais que cette épreuve a été supportable grâce à ce blog et grâce à vous. Je ne l'oublierai jamais.

jeudi 24 septembre 2009

J’ai eu les clés de l’appartement le 28 juillet. Le jour même, nous avons déménagé les affaires des trois lieux où elles étaient entreposées depuis janvier 2008 : une cave dans le 11ème, un garage dans le 18ème, et le salon de mes amis P. et C. Nous étions sept, alors en une grosse matinée, nous avons tout déménagé. J’étais complètement euphorique et tout s‘est déroulé dans la bonne humeur. Puis nous avons déjeuné tous ensemble dans l’appartement au milieu des cartons. Le temps que j’aille chercher des brochettes grillées avec Madiop et mon frère, mes amis avaient retrouvé la vaisselle et mis la table. Ils avaient aussi installé un peu partout de petits bibelots qui donnaient déjà de la vie à l'appartement et m'ont fait tout de suite sentir chez moi.

J’avais quatre jours devant moi avant de rejoindre les enfants dans le sud pour quinze jours de vacances. Mais pendant ces quelques jours, je n’ai quasiment rien fait. J’étais plantée là à contempler les cartons et je me disais "Tiens, il faut que je fasse ça", "Tiens il y aussi ça", mais je n'étais d’aucune efficacité… Je n'y dormais pas encore, je n’avais pas de frigo, pas de cuisinière, pas d’eau chaude, pas de rideaux… Mais surtout j’étais comme dans un rêve, je n’arrivais pas encore à y croire.

Pendant les vacances, nous nous sommes bien reposés avec les enfants. Nous étions chez une amie qui habite à Bayonne et nous sommes allés à la plage tous les jours, j’avais vraiment besoin de voir l’océan. Les enfants se sont beaucoup amusés quand la mer le permettait et qu’il n’y avait pas trop de vagues ni de baïnes. Puis nous avons passé quelques jours chez mes parents où nous étions en famille. Mais je n’avais qu’une idée en tête : être de retour à Paris pour tout mettre en place avant que les enfants ne reviennent : je faisais des listes et des plans, je commandais tout ce que je pouvais sur internet pour gagner du temps. Le 15 août, je suis retournée seule à Paris pour continuer à aménager l'appartement. Les enfants restaient encore une semaine avec ma mère, il fallait absolument que la maison soit habitable à leur retour.

Je me suis remise à la tâche, mais il m'a fallu encore quatre jours pour enfin me décider à y dormir. Je restais toute la journée dans l’appartement à travailler, et quand arrivait le soir je fermais la porte et allais squatter chez des amis qui étaient absents… Tout le monde me charriait, chaque jour on me demandait si enfin j'avais dormi dans mon appartement… Je n’arrive pas à l’expliquer, mais il m’a fallu un temps pour me faire à l'idée que j'avais un chez-moi. Enfin un beau jour, je me suis sentie prête et j'ai dormi dans ma chambre. Maintenant je n’envisage plus du tout de passer la nuit ailleurs !

C'est vraiment un très bel appartement. Il n’a rien de ce qu'on imagine d'un HLM, à part le montant du loyer. C'est dans un immeuble ancien qui a été entièrement rénové. Tout a été refait avec goût : l’agencement est intelligent, les murs sont peints de trois couleurs différentes, et il y a plein de petits détails comme des bancs en bois brut sous les fenêtres, des petites tablettes dans les recoins de la cuisine, des motifs peint dans la faïence des carreaux de la cheminée... Tout à fait bourgeois ! Une amie qui nous a rendu visite m’a même surnommée « La bourge de Château Rouge » !

Je me suis fait plaisir en investissant dans de beaux lits pour les enfants, un frigo, une cuisinière, des rideaux, plein de petites choses. Camille a une fois de plus été très généreuse, elle nous a offert des meubles très utiles : un canapé rouge, deux matelas pour les enfants, un futon pour moi. J'ai aussi hérité d'une table et de cinq chaises de mon grand-père. Nous avons à peu près tout ce qu'il nous faut pour vivre normalement. Je veux que ma maison soit belle et agréable, mais maintenant je sais que si demain je perdais tout ce ne serait pas la fin du monde. Je n’avais pas cette distance avant, je suis contente de l’avoir maintenant. Je pense que les enfants, même s’ils sont encore petits, ont pris conscience de cela aussi, et j'espère que ça pourra les aider plus tard à relativiser les revers de fortune...

Jules et Orphée sont arrivés avec leur grand-mère quelques jours avant la rentrée. J’étais impatiente de voir leurs têtes ! Je leur ai laissé deviner quel immeuble nous habitions, quel étage, quelle porte… Ils étaient super excités. Quand j’ai ouvert la porte, ils se sont précipités à l'intérieur et ont trouvé aussitôt leur chambre. C’était la seule pièce vraiment aménagée de toute la maison : il y avait là leurs nouveaux lits superposés qui faisaient tant rêver Jules, des rideaux aux fenêtres, des tapis de couleur... Et surtout leurs livres et leurs jouets, qui attendaient depuis un an et demi d'être sortis de la cave où ils dormaient.... Une vraie ambiance de chambre d’enfant comme ils n'en ont jamais eue, puisque pendant un an et demi nous avons habité chez les autres, et avant nous partagions la même chambre. C’était vraiment important pour moi que cette pièce soit prête à leur retour, je voulais qu’ils soient heureux en la découvrant. Et de fait, ils s'y sont plongés comme dans une caverne d'Ali Baba.

Au bout d’un long moment, Jules a pointé son nez dans la cuisine pour me demander où étaient les toilettes. Il s'est rendu compte qu'il ne connaissait pas encore les lieux. Alors avec son frère, ils ont joué à deviner où se trouvaient d'abord les toilettes, puis ma chambre, c'était comme un jeu de piste avec des "chaud !", "froid !", les enfants s'amusaient à ouvrir les placards et à retarder le moment où ils auraient tout vu (l'appartement est assez grand, mais on en a vite fait le tour !)

Puis, comme nous sommes dans un quartier à petits commerces, et aussi pour marquer cette nouvelle étape dans sa vie, j’ai proposé à Jules de descendre acheter du riz chez l'épicier, juste en face de chez nous. Il a sept ans, et c'était la première fois qu'il sortait tout seul dans la rue. Il avait un peu peur mais il était tellement fier ! On l'a accompagné depuis la fenêtre, il était très prudent pour traverser la rue et en sortant de la boutique, il nous a adressé un large sourire en brandissant le paquet de riz, il avait réussi sa mission.

Pour leur première nuit dans leur nouvelle maison, je me suis installée sur un matelas par terre dans leur chambre, je voulais être près d’eux. Jules a mis du temps à s'endormir. Orphée au contraire s’est endormi très facilement, mais dans la nuit il s’est réveillé plusieurs fois et j’ai fini par le prendre avec moi. Le matin, il s’est mis à genoux à côté de moi et a demandé : « On est dans la maison de qui ? ». Et quand je lui ai répondu que c’était notre maison, il a eu un grand sourire ravi.

Les jours suivants, on a continué à emménager. C’est un peu tous les jours Noël à la maison, car il y a encore des cartons à défaire, et nous découvrons chaque jour de nouveaux objets, livres, jouets, dont nous avions complètement oublié l’existence, c’est un vrai plaisir ! Il y a des choses dont je ne comprends même pas pourquoi j’avais pris la peine de les emballer et de les ranger dans la cave...

(Il y a aussi des affaires qui ont disparu pour diverses raisons. Par exemple lors de notre déménagement en janvier 2008, où il nous était arrivé cette petite anecdote : après avoir sortis le plus gros de l’appartement, nous avions mis les quelques affaires que je voulais garder avec moi chez P. et C. dans des sacs-poubelles. Nous avions fini tard dans la soirée, et tout entreposé dans le couloir, les cartons, les bagages et un sac-poubelle avec d'autres affaires. Le lendemain, lorsque je suis rentrée le soir, j’ai voulu ranger et là, surprise, il manquait le sac -poubelle : c'était ma mère qui voulant bien faire l'avait descendu dans le local… poubelle. Il était trop tard, les éboueurs étaient déjà passés !)

Et puis il y a eu la rentrée des classes. C'est la première année en maternelle d'Orphée, et ça s’est très bien passé. Ses deux années en crèche parentale lui ont beaucoup appris sur la vie en communauté. Fréquenter beaucoup de parents et de personnes différentes aide les enfants à se sociabiliser plus facilement, je pense. De plus, deux copains de la crèche sont dans la même classe que lui. C’est très agréable aussi, pour nous les parents, de nous retrouver. Il est dans l’école que fréquentait son frère avant de rentrer en primaire. Jules quant à lui est maintenant en CE1. On n'a pas changé d'école. Il faut dix minutes pour y aller en marchant tranquillement, ça va. Je souhaitais qu’ils aillent dans des écoles qu’ils connaissent, avec leurs copains, pour ne pas tout bouleverser en même temps. J’ai envie que cette année soit tranquille.

De manière générale, les enfants se sont vite familiarisés à leur maison, ils ont complètement assimilé cette nouvelle situation. C'est vrai qu'ils ont l'habitude de changer d'environnements, ils savent bien s'adapter... Jules disait parfois qu'il voulait continuer à vivre en "bohémiens", il aimait aller d'appartement en appartement, découvrir de nouveaux lieux, de nouveaux jouets, de nouveaux copains et copines, il avait peur d'être en manque de ce mouvement. Je crois que maintenant il a complètement changé d'avis ! Pour l'instant en tout cas ! C'est difficile d'exprimer le bonheur que nous ressentons tous les trois d'avoir définitivement fini notre errance et posé nos valises. Je n'oublie pas que c'est en grande partie grâce à ce blog, grâce à tous ceux qui nous ont aidés, hébergés, encouragés que nous avons tenu le coup et que nous arrivons aujourd'hui au bout de cette histoire.

Bien sûr je n'oublie pas tous ceux qui n'ont pas eu la chance que nous avons et qui restent sans logement. Il y a tellement de familles à Paris qui vivent dans des conditions déplorables, sans logement fixe, parfois depuis très longtemps, parfois presque sans revenus, ou sans papiers... Je voudrais que la mobilisation qui a fonctionné pour moi fonctionne aussi pour eux, il y a encore beaucoup à faire !

Ce post est probablement l'un des derniers... J'ai commencé ce blog pour raconter notre vie à Paris sans logement, il n'a plus de raison d'être maintenant que nous sommes arrivés à bon port. Je voudrais remercier une nouvelle fois toutes celles et tous ceux qui en ont suivi les hauts et les bas depuis plus d’un an, et en particulier ceux qui m'ont écrit et soutenu. Pour fêter ensemble la clôture du blog et l'heureuse résolution de notre aventure, je voudrais vous inviter à notre pendaison de crémaillère, le 10 octobre. Ecrivez-moi si vous pouvez venir, je vous donnerai toutes les coordonnées ! Je vous embrasse tous. Julie.

dimanche 26 juillet 2009

Cela fait quelques mois que je n’ai plus beaucoup donné de mes nouvelles concernant mes démarches de recherche d’appartement. Pourtant, il s’est passé bien des choses. Si je n’en ai pas parlé publiquement au jour le jour, c'est que j’avais peur que cela empêche les événements de se concrétiser. Je ne sais pas si c'est par superstition ou si mes craintes étaient fondées mais voilà, j'ai attendu le jour où j'aurai des réponses sûres pour tout vous raconter. Et voilà que ce jour est arrivé.

Un jour de la fin du mois de mars, alors que j’attendais un conseiller immobilier pour visiter un appartement vers Porte de la Chapelle, je reçus un coup de téléphone. C’était l'adjoint au maire au logement du 18ème arrondissement. Je ne compris pas tout de suite pourquoi il m’appelait. Il me rappela les difficultés de la mairie concernant le logement ; je lui dis que j’avais vu beaucoup nouveaux logements sociaux dans le quartier ; il m’expliqua que ces logements étaient déjà attribués depuis plus d’un an et que les futurs locataires attendaient que les logements soient livrés. À ces mots j’ai eu très peur. Cela voulait donc dire que si je passais en commission, je n’aurais pas de logement avant un an ? Non, il me dit que notre cas était différent, que l’on était un cas d’urgence et que notre dossier était déjà passé en commission… À ce moment-là, je ne sais plus si mon cœur s’est arrêté de battre un instant ou s’est accéléré mais je suis restée sans voix. Ce que j'attendais depuis si longtemps était donc arrivé ? Notre dossier était passé en commission ? Je ne savais plus quoi dire et je n’ai pas eu la présence d’esprit de poser des questions. Je lui ai quand même demandé s'il savait dans combien de temps nous pourrions avoir un appartement mais il ne pouvait pas me le dire, ça prendrait quelques mois, mais ce serait rapide… Lorsque j'ai raccroché, la personne que j’attendais pour visiter arriva. Je n’avais plus vraiment la tête à visiter, je restais très évasive aux questions qu’il me posait. L’appartement était beau, bien agencé, mais dans ma tête j'étais déjà ailleurs, je me mis à observer des détails de décoration, j'étais déjà en train de les projeter dans notre futur chez-nous. Je n’avais qu’une hâte: appeler mes amis proches, mon frère et ma mère pour leur annoncer la nouvelle.

Lorsque ma mère décrocha, je n’ai pas pu lui annoncer tout de suite. J’étais trop émue, je pleurais et ne pouvais plus parler, elle attendit patiemment que je puisse enfin lui dire l'objet de mon appel. Il fallait que je prévienne Camille aussi, car cela bouleversait toute nos plans. Avant de décider d’arrêter nos recherches une bonne fois pour toutes, elle a tenu à appeler la mairie pour demander plus de précisions concernant le temps que ça allait prendre et avoir le plus de garanties possibles.

Je n’en ai parlé qu’à mes proches car c’était encore trop vague. J'avais eu tant de déconvenues dans le passé que je n'ai pas voulu me réjouir trop vite. Après tout, ce n’était qu’un coup de fil, je n’avais aucune information concrète, aucun document officiel qui me permettait de crier sur les toits la bonne nouvelle. De fait j’étais sur mes gardes surtout que pendant ce temps, on continuait à galérer. Nous étions à l’époque chez Florie, il fallait toujours que je trouve des solutions d’urgence, j’étais en même temps tiraillée par le stress quotidien et tenue par l'idée que la fin de la galère approchait. Mais après ce premier coup de fil, le silence s’est fait long.

Deux (longs) mois plus tard, je reçus un autre coup de fil. C’était de nouveau l’adjoint au maire. Cette fois, il m’annonça clairement qu’un appartement nous était attribué, un trois pièces dans un immeuble ancien totalement réhabilité au métro Château rouge, dans le quartier populaire de la Goutte d’or. Mais notre dossier devait encore passer devant la commission de notre bailleur. D'après lui, ce ne serait qu’une formalité et mi-juin nous pourrions certainement emménager. Il fallait que je surveille bien mon courrier pour renvoyer mon dossier en temps et en heure. Comme son numéro de portable était affiché, je l’enregistrai, je me dis que ça pouvait être utile.

Là encore, je pris le parti de rester prudente et de ne pas crier victoire trop tôt. Et en effet, plus d’un mois après, je n'avais toujours pas de nouvelles ! Je décidai de l’appeler. Mon dossier s’était perdu, la commission était reportée à début juillet. Mais apparemment, il était toujours question du même logement. Comme j’étais inquiète et que lui posais des quantités de questions, il se proposa d’appeler l’organisme des HLM pour avoir plus de renseignements. Finalement, c’est eux qui me rappelèrent le jour même. J’allais recevoir le dossier et il fallait que je le renvoie au plus vite, car ils n’attendraient pas la rentrée de septembre pour nous attribuer le logement. Ça tombait bien, moi non plus !

Chaque jour j'attendais le courrier avec impatience, mais rien. Je n'arrivais pas à être tranquille, je voulais une confirmation officielle. Puis enfin il arriva. Il avait été envoyé il y a cinq jours déjà et il fallait que je le renvoie sous huit jours. C’était mercredi, je devais attendre le lendemain pour demander des certificats à l’école de Jules et à mon travail (et ces certificats tout bêtes, ça a été toute une odyssée pour les obtenir, je vous passe les détails...). Le lendemain matin, une dame de l’organisme m’appelait, ils attendaient mon dossier, il fallait que je me dépêche de le renvoyer. Ils avaient déjà reçu un dossier, il ne manquait plus que le mien et un autre… Car là m'attendait une nouvelle déconvenue : elle m'apprit que nous étions trois familles en lice pour l’appartement ! Je lui fis part de mon étonnement, mais elle me dit d'un ton désagréable que c’était la loi DALO qui voulait ça, qu’il y avait certes une liste de priorité mais qu’ils n’étaient pas tenus de la respecter. J’entendais tout à fait ce qu’elle me disait, mais d'un coup je me suis senti désemparée, tout d’un coup tous mes espoirs s’écroulaient.

Je rappelai alors l’adjoint au maire pour lui faire part des propos de l’agent, mais il me rassura. Malgré son optimisme, je ne pouvais m'empêcher de paniquer et j'ai passé plus de dix jours à angoisser. Je ne dormais plus, un mal de ventre ne me quittait plus. Le mercredi du jour de la commission, j’appelai dans l’après-midi pour connaître le résultat. Elle me dit sèchement qu’il fallait que j’attende le vendredi pour avoir la réponse. Mais le soir même, alors que je ne m’y attendais plus, l’adjoint m’appela pour me rassurer.

Après avoir passé un an et demi sans logement, ça y est, c'est sûr, nous allions avoir enfin un vrai appartement rien qu'à nous ! Je n’ai pas réussi à décompresser tout de suite, et je n'ai pas encore réussi à fêter cette nouvelle comme il se doit. Jusqu’au bout j’ai été prudente, voire méfiante, je n'en ai parlé à personne ou presque, et je n’ai été rassurée que quand j'ai eu le papier entre les mains qui me conviait à visiter l’appartement afin que je dise si je l’acceptais (comme si la question se posait ! comment pourrais-je refuser un toit que l’on attend depuis si longtemps ?)

Mais je n'ai pas pu le visiter tout de suite car nous étions un vendredi et le lendemain je descendais à Bordeaux voir mes enfants, cela faisait deux semaines qu’ils étaient en vacances chez leurs grands-parents. Quand j'ai annoncé la nouvelle à Jules, il a crié : « Super ! On va avoir nos lits superposés ! »

Maintenant je l'ai vu, et il me plaît beaucoup. J'ai rendez-vous demain pour la signature du bail, inutile de vous dire combien je suis impatiente et excitée. Nous emménagerons très vite, et le plus tôt possible on fera une grande pendaison de crémaillère où vous serez tous invités ! Et enfin nous pourrons sortir le champagne ! Et je pourrai tous vous remercier, ceux qui nous ont soutenus, ceux qui nous ont hébergés, ceux qui nous ont aidés, ceux qui nous ont écrits. A bientôt !

vendredi 12 juin 2009

Depuis que nous nous sommes posés dans l’appartement que je sous-loue à Marx-Dormoy, nous vivons une vie presque normale. Nous avons notamment bien profité des week-ends de trois jours, sans avoir à déménager ni même à y penser...

Comme il a fait plutôt beau au mois de mai, nous avons souvent pique-niqué et passé beaucoup de temps dehors avec les amis du quartier. Il y a une bonne ambiance, les enfants jouent ensemble et les parents discutent, tout le monde y trouve son compte.

Nous avons aussi fêté plusieurs anniversaires, dont celui de Jules. Comme à l’habitude, nous l’avons fait dans un parc. Avec tous les copains invités, plus les petits frères et sœurs, ainsi que les parents qui finalement restent car on aime bien aussi se retrouver, il vaut mieux être à l’extérieur.

Nous n’avons jamais de chance avec Jules, il ne fait jamais très beau le 16 mai. Cette année n’a pas échappé à la règle : lorsque nous sommes arrivés au jardin, il pluviotait. Le jardin était désert. Mais je suis têtue et je n’ai pas annulé : nous nous sommes installés sous une sorte de préau, nous avons mis des décorations et le monsieur qui tient le bar à côté est venu nous proposer une table et des chaises. Le temps a commencé à changer. Plus la journée avançait, plus il faisait beau. Les enfants ont pu profiter des aires de jeu sans se mouiller, ils ont mangé de bons gâteaux et bonbons à leur guise, on a organisé des jeux avec des ballons et du riz. D'autres enfants se sont joints à nous. C’était un bel anniversaire.

Ceci dit, ce n’est pas tous les jours tout rose… De ne plus être dans l’urgence, d’avoir une tranquillité de plusieurs mois m’a relâché, et j’ai ressenti une grande fatigue morale et physique due au contre-coup de tous ses mois passés sous tension.

Le matin, on a eu tous les trois plus de mal à nous réveiller, et Jules a été assez souvent en retard à l’école. La directrice de l’école a demandé à l’assistante sociale de m’appeler pour trouver une solution. La solution est simple : des vacances et à notre retour un appartement où l’on pourra vraiment s’organiser, où Jules aura un coin à lui, où il pourra ranger ses affaires d'école, un bureau… et arrêter de focaliser sur les petits retards, même si je comprends bien que chacun ne peut arriver à n’importe quel moment.

De manière générale, je trouve qu’en France on pointe toujours les côtés négatifs des élèves. On ne prend pas assez en compte le rythme de chaque enfant et on ne met pas assez en valeur ses qualités et ses progrès. On rappelle toujours ce qui ne va pas à l’enfant et qu’il devrait faire des efforts… Je trouve cela vraiment dommage car des enfants qui ne sont pas « scolaires » mais malgré tout très intelligents sont quasiment voués à l’échec.

Je remercie tous les messages des internautes mentionnant mon "courage", mais je dois dire que les personnes qui m’entourent m’ont vraiment aidée : toute seule, j’ai souvent tendance à perdre ma patience avec les enfants, alors de cohabiter avec d’autres mamans m’a permis de me calmer et de prendre plus sur moi. Pouvoir parler avec d’autres parents de problèmes que l’on rencontre avec nos enfants est vraiment bénéfique. Souvent, on se rend compte que les autres parents se trouvent face aux mêmes difficultés, ça permet de relativiser un peu nos peurs.

Le résultat du concours est tombé et je n’ai pas été sélectionnée pour l’oral. Je m’en doutais un peu mais le côté positif, c’est que maintenant je sais comment se déroulent les épreuves. Je serai mieux préparée pour l'année prochaine.

Je vous remercie encore tous et toutes pour votre fidélité et votre soutien. Cela n'aura pas servi à rien : si tout se passe bien, la prochaine fois je devrai être en mesure de vous annoncer une grande nouvelle. Mais chut ! je suis superstitieuse, et j'attends une confirmation tout à fait formelle pour tout vous raconter. A bientôt !

jeudi 14 mai 2009

Les enfants sont revenus la veille de la rentrée. Comme à l’habitude, ils ne m’ont pas demandé dans quelle maison nous irions. Avant qu’ils arrivent, j’ai pu installer nos affaires dans notre nouvel hébergement temporaire. Anatoli, par qui j’ai eu l’annonce, m’a aidé avec son camion à trimballer nos sacs. Nous y sommes pour trois mois.

Je suis vraiment contente de pouvoir finir l’année scolaire comme cela, nous serons comme chez nous même si en réalité ce n’est pas le cas, car nos affaires sont toujours dans les caves et nous avons pris avec nous le minimum. Mais cette fois-ci, nous ne partagerons pas l’espace, nous sommes seuls. Bien que nous ayons pris l’habitude et trouvé du plaisir à cohabiter, je préfère être seule avec mes enfants : même si les personnes vous accueillent à bras ouvert et font tout pour que vous vous sentiez à l’aise, on ne peut s’empêcher de penser que l’on dérange…

Parfois, la relation que j'ai avec les enfants change selon les foyers où nous sommes hébergés. Je peux autoriser ou refuser des choses différemment. Autant que possible, j’essaye de garder les mêmes règles, histoire que tout ne soit pas en désordre et que ce soit seulement le cadre de vie qui change. Tout en surface, mais rien dans le fond… Mais ce n'est pas toujours facile, il faut s'adapter aux moeurs et aux coutumes locales !

Ici, Orphée et Jules partagent le grand lit dans la chambre. Ce n’est pas génial, car Orphée empêche Jules de dormir et l’embête sans arrêt. Peut-être je devrais rajouter un petit lit malgré le peu de place. Je dors dans la pièce à côté sur le canapé-lit. C’est aussi dans cette pièce que l’on mange car la cuisine est trop petite pour y mettre une table.

L’appartement est tout petit mais assez agréable, car il se trouve au quatrième étage plein sud sans vis-à-vis. Il donne sur une grande cour au milieu de différents immeubles dont un est pourvu d’un grand jardin. L’appartement est propre, calme et lumineux.

Il y a plusieurs familles chinoises dans l’immeuble et les jeunes filles jouent dans le couloir où dans le hall de l’immeuble. Lorsqu’on les croise, elles nous disent bonjour en chinois : « Nǐ hǎo ». J’aime beaucoup leur répondre dans leur langue et leur demander d’autres mots courants, mais je les oublie aussitôt. C'est Jules qui m’a appris le mot pour dire bonjour, car dans sa classe en maternelle il y avait des enfants d’origine chinoise qui lui avaient appris quelques mots. C’est une grande richesse pour les enfants de côtoyer d'autres personnes d'origines et de milieux différents.

Avant les vacances, alors que je sortais de chez Florie pour amener Orphée à la crèche je suis tombé sur une très belle étagère abandonnée sur le trottoir. Je me suis dit : « c’est un signe ». Avec l’aide de Florie, nous l’avons mis à l’abri dans l’entrée de l’immeuble. J’ai appelé plusieurs personnes susceptibles de pouvoir accueillir mon nouveau bien, et finalement c’est P. et C. qui ont répondu favorablement à ma demande.

Je repense à tout ce qu’ils ont fait pour nous. C’est incroyable… Ils nous ont hébergés pendant des mois et depuis plus d’un an leur salon est encombré par nos multiples affaires ! Je suis pressée de les débarrasser, pour qu’enfin ils retrouvent leur espace bien à eux.

dimanche 26 avril 2009

Il y a un mois j’ai reçu une invitation assez inattendue de Nathalie Kosciusko-Morizet : Secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique.

L’invitation était présentée comme cela :

Est-ce à vous que je dois dire qu’internet est le lieu de tous les possibles et peut changer du tout au tout une vie ? Non sans aucun doute. Et c’est pour découvrir votre parcours et votre relation particulière à la toile, que je serai heureuse de vous rencontrer lors d’un dîner le :

Lundi 6 avril, à partir de 21h au Secrétariat d’État chargé de la Prospective et du Développement de l’économie numérique à l'Hôtel de Broglie, 35 rue Saint Dominique, 75007 Paris

Cette soirée conviviale, placée sous le signe des femmes, nous permettra d'échanger sur nos itinéraires et expériences numériques respectives.

En vous remerciant de bien vouloir confirmer votre participation avant le 1er avril auprès ….

Une invitation que j’ai déclinée car je trouvé déplacé le message d’introduction au vue de ma situation.
Internet n'a pas "changé du tout au tout" ma vie : malgré le succès de mon blog et la couverture qu'il a eu dans les médias français et étrangers, je suis toujours sans logement et je continue à errer d'appartements en appartements avec mes deux enfants. Du moins pour le moment. J’aurais peut-être accepté et pris le temps "d'échanger sur les itinéraires et les expériences numériques", si nous avions enfin un toit.
A ma réponse négative, j’ai été invité au ministère pour rencontrer la directrice de cabinet de Mme la Ministre.
J’y suis donc allée, je me suis dit : sait-on jamais, peut-être ils pourront m’aider… Mais ce fut assez décevant car clairement sur Paris ils ne peuvent rien faire.
Mme la Ministre m’a expliquée comment se répartissait le parc de logement social et comment sont attribués les logements… Elle est maire de Longjumeau et pourrais éventuellement me trouver un logement là-bas…
Ça va sans doute faire hurler quelques lecteurs mais j’ai expliqué que je n’étais pas intéressée pour les raisons que j’ai déjà soulevées dans ce blog. Je reviendrais peut-être sur ma décision si je ne trouve rien pour la rentrée en septembre car il est clair que ne nous referons pas une année comme celle-ci !

mardi 14 avril 2009

Nous devions rester deux nuits chez Florie, nous sommes finalement restés un mois ! Florie est jeune, elle est encore étudiante, très compréhensive de notre situation, voire même plutôt révoltée. Son fils Tinaël est à la crèche avec Orphée. Nous devions rester deux jours mais après un désistement d’hébergement elle nous a accueillis une semaine, puis sachant qu’elle serait absente en fin de semaine suivante pour huit jours elle nous a proposé de rester en attendant. A son retour je n'avais toujours rien trouvé alors elle a accepté de nous héberger jusqu’aux vacances…

Elle nous avait déjà accueillis en octobre, mais alors elle était absente et nous avait laissé les clés. Vous savez, c’est cet appartement près de l’église St Bernard où il y avait une chatte dont Jules aimait bien s'occuper (mais à sa déception, la chatte a disparu). Cette fois-ci nous cohabitons, mais comme ce n’est pas très grand Jules et Orphée dorment sur des matelas par terre dans la chambre de Tinaël, et Florie et moi partageons le canapé-lit du salon.

Tinaël est fils unique et il n’a pas l’habitude de partager sa chambre : il était très excité d’avoir des compagnons de nuit, mais il avait aussi du mal à s’endormir le soir. Il faut dire que l’on est arrivé en force ! Il ne reçoit pas juste un copain, mais toute une famille !

Tout le monde n’accepterait pas une telle situation ! C'était vraiment chouette de cohabiter ainsi, nous avons bien réussi à nous organiser. Les enfants mangent en premier, tous les trois à la même table, à converser de choses et d’autres, à se chamailler aussi, ça fait partie du jeu, les enfants c’est ça aussi… Puis lorsqu’ils sont couchés et que la maison est plus calme, nous mangeons à notre tour.

Parfois Orphée et Tinaël rentrent ensemble de la crèche avec Florie. Le plus souvent ils se tiennent la main et sont très mignons, mais il est arrivé que le retour soit une véritable épreuve ! C’est toujours pareil, quand l’un veut courir, l’autre préfère s’arrêter et regarder tout ce qui l’entoure, et c’est un vrai dilemme de contenter les deux !

Florie m'a dit l'autre jour que la cohabitation lui a donné des envies de colocation... Ça fait plaisir, ça sous-entend que notre présence était agréable malgré cette grande promiscuité !

Ce dimanche, nous partons une semaine ensemble tous les trois en vacances, puis la deuxième semaine les enfants irons chez mes parents. Cela va vraiment nous faire du bien de nous retrouver ensemble sans courir partout… Un vrai moment de détente... En effet, cette fois je n'aurais pas à me poser des questions d’intendance, car j’ai trouvé une sous-location pour trois mois ! Nous aurons l’appartement la veille du retour des enfants, il est situé dans notre quartier entre la crèche et l’école. C'est un petit deux-pièces qui va nous permettre de finir l’année scolaire plus posément. C’est un papa qui avait sa fille l’année dernière à la crèche qui m’a envoyé l’annonce qu’il avait reçu d’un copain d’un copain… Voyez comme le bouche à oreille fonctionne !

A son grand étonnement, il a reçu énormément de réponses à son annonce. Mais après que je lui ai exposé notre urgence il nous a très vite dit oui. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai eu l'impression que tout devenait facile... Mais après toutes les déconvenues de ces derniers mois, je ne peux m’empêcher d’être inquiète… Il pourrait changer d’avis... Il pourrait ne plus avoir à s’absenter... Je deviens parfois paranoïaque, il faut que je fasse confiance, relâcher un peu... Tout va bien se passer ! Et je décide que cet appartement sera le dernier avant notre vrai chez-nous !

Qui êtes-vous ?