jeudi 25 septembre 2008

J'ai été sélectionnée pour les cours d'anglais de la Mairie de Paris, bonne nouvelle ! Maintenant il faut que quelqu'un garde les enfants pendant les deux heures de cours, j'ai trouvé une baby-sitter et je lui ai expliqué que je n'avais pas de logement et que je ne savais pas encore où elle les garderait, elle était surprise mais n'a pas pris la fuite, ouf !

Mardi dernier, elle est venue les garder chez K., la maman qui nous a prêté son appart, et ça l'a étonnée car elle avait déjà fait du baby-sitting ici. Est-ce que les personnes qui nous prêterons leur logement ou nous hébergerons accepteront qu'une personne qu'ils ne connaissent pas viennent chez eux pendant leur absence ?

Une chose qui est très stressante quand on est chez quelqu'un, c'est de ne rien casser, ne rien abîmer. Je gronde les enfants pour qu'ils rangent bien les jouets, qu'ils ne touchent pas à tout. Et une fois les enfants couchés, je passe en revue les lieux et range tout soigneusement…

Je cherche à sous-louer quelque chose en octobre mais pour l'instant je n'ai rien trouvé dans le quartier. Il y a des jours ou je perds complètement courage et j'ai envie de tout laisser tomber. Cette semaine encore, j'ai dû trouver un autre hébergement pour les jours qui arrivent car K. réintègre son domicile avec les enfants ce vendredi. C'est bon pour une semaine encore, et pas trop loin de l'école. Mais je dois de nouveau transporter mes sacs, balader mes enfants…

Je suis inquiète pour Jules, j'ai eu un mot de la maîtresse qui me demande un rendez-vous. Elle trouve que Jules ne suit pas trop en classe et elle a peur que ça se répercute sur les apprentissages du CP. Je redoutais ce mot, j'espérais ne jamais le lire. J'ai hâte de la rencontrer mais des mots pourront-ils rétablir la situation ?

Je fais en sorte que Jules et Orphée ressentent le moins possible notre pénible situation. Ils mangent à leur faim, ils sont bien habillés, ils ont quelques jouets qu'ils trimballent avec eux et le week-end on se divertit : musée, parc, goûter avec des amis, spectacles… Mais on ne peut rien leur cacher, ils voient bien que c'est compliqué.

mercredi 24 septembre 2008

Rue Lépine

Lorsque nous avons quitté notre appartement en janvier, C. et P. nous ont recueillis, moi et ma petite famille. C'était un dépannage qui devait durer quelques semaines, on est finalement restés 7 mois !

C'était pratique parce qu'ils habitaient à côté de chez nous, c'est-à-dire non loin de l'école de Jules et de la crèche d'Orphée. C'était bien aussi parce qu'ils ont eux-mêmes deux petits garçons de six et quatre ans, qui s'entendent très bien avec les miens.

P. et C. ont complètement réorganisé leur petit appartement pour nous. Le salon est devenu notre chambre, ils ont tout enlevé (bureau, ordinateur, chaises, étagères...) et aménagé pour que l'on s'y sente bien, pour que cette pièce soit vraiment à nous le temps de notre cohabitation. J'ai pu ranger les habits et ne pas les laisser dans une valise par exemple. Je ne m'attendais pas à un tel accueil, je pensais qu'on serait dans le salon mais le salon n'existait plus. Je dormais sur le clic-clac, Orphée avait son petit lit, Jules un matelas sous la table.

On a mis du temps à trouver nos marques dans ce nouveau lieu, à ne plus penser à nos affaires qu'on avait laissées à gauche à droite. Meubles, vaisselle, souvenirs, affaires personnelles, habits, livres, jouets, ont été entreposés dans différentes caves d'amis ou d'amis d'amis… Ils y sont encore.

Au début, Jules voulait toujours retourner dans son ancienne maison, il prétendait qu'il s'était habitué au bruit, que ce n'était pas grave, il voulait retrouver ses jouets… Pourtant, quand on habitait au dessus du bar, il se plaignait tous les soirs de ne pas pouvoir s'endormir. Pour les enfants de mes amis ce n’était pas facile non plus, il fallait qu’ils partagent leur espace. L’aîné, qui aime bien s’isoler, avait du mal à se retrouver seul et le plus jeune, les premiers jours, me disait à chaque fois que je rentrais : « oh ! Mais qu’est ce que tu fais là toi ? ». En revanche la présence de Jules et Orphée lui déplaisait moins… Mais heureusement ils ont vite pris goût à la vie en communauté.

On s'est installés tous ensemble comme une seule famille. L'appartement, qui n'était pas si grand, était très animé !

La cuisine est devenue le lieu de vie principal, même si on avait juste la place d'y manger, et encore pas tous ensemble. La salle de bain était prise d'assaut tous les matins. Le couloir était le lieu de toutes les courses et de toutes les batailles.

Dans l'immeuble il n'y a pas d'autres enfants, alors on était vite repérés lorsqu'ils sortaient en fanfare ou faisaient leurs petites crises dans les escaliers…

La vie à 7 demande une sacrée organisation quand les trois adultes travaillent et que les quatre enfants sont si petits. Chaque jour de la semaine il faut lever les enfants, les habiller, les faire déjeuner, les amener dans trois établissements différents, aller travailler, revenir les chercher à différents horaires, les amener à la capoeira, à la piscine, faire les courses, préparer à manger, leur donner le bain, les coucher, leur lire une histoire...

Le week-end on se retrouvait avec quatre fauves en cage, quatre garçons plein d'énergie et de malice pour qui il fallait inventer toutes sortes de jeux et de sorties.

Le soir, une fois les enfants couchés, la table desservie, la vaisselle faite, la cuisine rangée, on n'en menait pas large...certains soirs on laissait tout comme ça et on se couchait juste après les enfants…

On a vécu de bons moments tous ensemble et je remercie P. et C. de nous avoir hébergés si longtemps, d'avoir partagé si longtemps avec nous leur vie de famille, je sais bien que cela ne va pas de soi. Ils ont été si patients, si généreux, si attentifs… Peu de gens seraient prêts à faire ça. Il y a eu des moments difficiles mais ils ont pris le risque de les vivre pour nous aider et je leur en suis très reconnaissante.

mardi 23 septembre 2008

Annonces

*2 pièces 30 m². Proche mairie. Refait à neuf, meublé complet (réfrigérateur), tout confort, lumineux, traversant, cuisinette équipée, douche. Au 3e, sans ascenseur. Nombreux commerces à proximité. 3 mn métro (ligne 12 et 4). Libre à partir du 1/10. Caution demandée.

850 €/mois + 100 € charges.

*22 m², rez-de-chaussée sur cour, refait à neuf, 2 pièces avec parquet bois, cuisinette, salle d'eau carrelée (WC, douche, lavabo), 3 fenêtres. Cave. Immeuble avec digicode sur rue, interphone couloir, parties communes neuves. Références demandées.

730 €/mois provision charges comprise.

*RER, gare du Nord, Barbès. 2 pièces, meublé, 35 m², refait neuf, cuisine équipée (micro-ondes, lave-linge), entrée, wc, salle de bains, placards, porte blindée, bonne isolation, soleil. Personne seule soigneuse, de préférence non fumeuse. Références demandées..

880 €/mois charges comprises

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vendredi 19 septembre 2008

Nouveau déménagement

On doit rendre le studio dans le vingtième demain. Toute la semaine je me suis demandé où on allait bien pouvoir aller. C'est terriblement angoissant de ne jamais savoir à l'avance où l'on va dormir dans les jours et les semaines qui suivent. J'ai fait circuler l'adresse de ce blog et j'ai reçu pas mal de lettres de soutien, des conseils et des encouragements (MERCI à tous et à toutes !) Nos déboires ne semblent pas être arrivés jusqu'aux oreilles de la Mairie, cependant : cela fait deux semaines et nous sommes toujours sans nouvelles du député-maire de l'arrondissement. Après tout on est encore vivants, c'est donc sans doute que notre cas n'est pas si urgent...

Je sens bien pourtant que la précarité de notre situation perturbe les enfants. Orphée est d'habitude un enfant plutôt joyeux, bon mangeur, grand joueur… Mais en ce moment, il pleure beaucoup, il ne mange pas très bien et répète sans cesse : « Câlin maman ». Quand je le dépose à la crèche il pleure, alors qu'avant il me disait au revoir en faisant le clown. Je ne sais pas bien si c'est le fait de ne plus avoir de maison ou s'il ressent mon stress… Pour Jules ce n'est pas évident non plus, mais à l'école, pour l'instant, il suit. En fait, j'ai l'impression que tous les deux reportent leur angoisse entièrement sur moi... J'essaye d'être patiente, mais il est vrai que parfois, avec la fatigue, cela devient explosif.

Finalement, hier matin, alors que j'allais au travail, j'ai reçu une offre très généreuse d'une maman de l'école qui nous laisse son appartement pendant une semaine. Elle a la garde partagée de ses enfants et cette semaine, comme ils ne sont pas là, elle me propose de nous laisser les clés pendant qu'elle va squatter chez une amie !

C'est une proposition incroyable, l'appartement est tout près de l'école et de la crèche, on va pouvoir se reposer un peu !

Jules commençait à être fatigué des horaires et de monter la rue de Belleville tous les soirs à pieds. J'ai récupéré mon vélo car c'est plus rapide que le métro, mais la rue de Belleville dans le sens de la montée avec nous trois sur le vélo plus les sacs, je n'y arrive pas !

Il se trouve que dans la rue où on était hébergés, juste en face, habite la première maîtresse de Jules (petite section de maternelle) : c'était rigolo de se rencontrer là. Un matin, alors que nous partions en même temps pour l'école (elle en scooter, nous à vélo), nous avons "fait la course" jusqu'à Jaurès. Ça a bien fait rire Jules, même si ensuite elle nous a semés…

J'aime ces petits moments…

Un autre soir, alors qu'on rentrait tous les trois, chargés comme des mules sur le vélo, une jeune femme sur le bord de la route accompagnée de son enfant nous a regardés avec stupéfaction ou admiration et lorsque nous l'avons dépassée, elle m'a crié : « Bravo ! Bon courage… ! » . Ce soir là, tout au long du chemin, j'avais des commentaires et des encouragements de passants, c'était bien agréable.

dimanche 14 septembre 2008

Oui j'avais un appartement, oui je l'ai quitté

On me demande souvent pourquoi j'ai quitté le dernier appartement que j'avais. Car oui j'avais un appartement, et oui je l'ai quitté.

J'habitais en colocation depuis 2004 dans un trois pièces de 50 m2.

Je partageais ma chambre avec mes enfants ; faute de place, mon fils aîné dormait avec moi. On habitait rue Doudeauville, au-dessus d'un bar dont les patrons ne prennent jamais de vacances. Le bar est ouvert 7/7 jours de 7 h à 2 h du matin sans interruption.

Comme c'est un petit boui-boui, jamais rien n'a été fait pour isoler le son et ne pas déranger les voisins les plus proches. C'est-à-dire nous, puisque nos chambres étaient juste au-dessus. On entendait tout, j'arrivais même parfois à suivre les conversations depuis mon lit ! Les personnes côtoyant ce bar aimaient bien picoler et se mettaient à parler de plus en fort jusqu'à finalement crier. Ils aimaient aussi mettre de la musique et danser.

La dernière année, ils ont décidé de proposer aux clients des grillades. Il devait y avoir un problème avec la hotte aspirante car notre appartement se retrouvait tous les jours enfumé à tel point que je devais ouvrir toutes les fenêtres, même celle de la chambre où les enfants dormaient déjà. C'était l'hiver.

Et je ne parle pas des cafards et des souris… Ni des propriétaires moins que conciliants, sinon cyniques, ou juste vénaux, qui nous ont laissé des années avec un volet qui ne s'ouvrait pas, une porte qui ne fermait plus à clé, puis qui ne fermait plus du tout (et appeler un serrurier à 20 h la veille d'un week-end, ça fait mal)…

Le tout pour un modeste loyer de 950 euros.

Alors quand ma colocataire est partie, je ne pouvais plus payer une telle somme.Nous sommes partis. Je pensais naïvement pouvoir trouver mieux mais voilà, cela fait huit mois que je cherche en vain.

Oui, j'avais un appartement, et oui je l'ai quitté.

vendredi 12 septembre 2008

"Tout pour moi"

J'essaie de frapper à toutes les portes, ma situation relève de l'urgence, je ne dois et ne peux pas attendre. C'est maintenant que j'ai besoin d'un logement.

A la rentrée de Jules, j'ai demandé à prendre rendez-vous avec l'assistante sociale de l'école.

Donc cette semaine, je suis allée à mon rdv. Ce n'est pas facile d'exposer à chaque fois ses problèmes mais j'ai décidé de ne pas en avoir honte et d'en parler à un maximum de personnes autour de moi (école, crèche, travail, amis, commerçants…) : On ne sait jamais, j'ai des amis qui ont obtenu un logement social grâce à leur coiffeur, qui apparemment avait ses entrées à la mairie !

Donc me voilà face à l'A.S, elle me demande pourquoi je suis là, je lui explique. Après un long entretien, elle me regarde pensive et me lâche : « En fait vous allez très bien, vous avez tout pour vous, il ne vous manque qu'un logement…. ».

Sans blague…

Eh oui, beaucoup de gens sont étonnés de me voir non stressée, bien habillée, propre sur moi, souriante… Mais je mène ma barque comme je peux, j'ai deux enfants et pour eux je ne dois pas chavirer. Ce n'est pas parce que je ne le montre pas que je n'ai pas d'angoisse, évidemment que je suis pressée que ça finisse, mais à quoi bon se lamenter.

Je suis sans domicile fixe, pas clocharde.

PS : Une semaine et toujours sans nouvelles du député-maire de l'arrondissement…

mardi 9 septembre 2008

Promesses

Il y a quelques jours, un matin, alors que j'embrasse Jules devant le perron de l'école, j'aperçois le Maire de l'arrondissement à l'intérieur en train de discuter avec la directrice.... Mon sang ne fait qu'un tour, je me précipite sur lui, j'interromps la conversation et je lui demande un entretien qu'il accepte. Je lui expose ma situation, il dit qu'il comprend mais bien sûr il ne manque pas de me dire que le logement à Paris est un sujet difficile, beaucoup de dossiers, peu de logements… "Une politique du logement exemplaire avec une commission d'attribution transparente"…

Ce n'est pas assez pour me décourager : il m'a vue, il peut enfin mettre un visage sur mon nom. Son adjoint a pris mes coordonnées, il m'assure qu'il va me rappeler. Je le remercie et repars, pleine d'entrain, prête à affronter les difficultés. Le week-end est passé, nous sommes mardi et je n'ai toujours pas reçu son appel. Je lui avais proposé de lui laisser le double de la lettre que je lui avais posté dans la semaine. J'ai retourné mon sac dix fois devant lui mais dans la panique je ne l'ai pas trouvé. Il m'a rassuré, il a mes coordonnées, ils vont retrouver mon dossier et me tenir au courant… C'est ce que nous allons voir...

dimanche 7 septembre 2008

Première semaine d'errance

J'ai le ventre noué, j'ai du mal à gérer mon stress. Le soir on rentre tard, je fais le minimum pour mes enfants, je n'ai pas la tête ni le temps de jouer.

Jules se réveille un matin et me demande : « Maman, où je suis ? » Nouveau lieu, nouvelle école, il vient de faire sa rentrée en CP.

Cette semaine j'ai réussi à dégoter un studio de 20m2 pour quelques jours. J'ai installé les enfants dans le canapé-lit et je me suis acheté un matelas gonflable que je pourrais trimballer avec moi. L'appartement se situe à deux arrondissements de l'école et de la crèche, alors le matin on doit être sortis avant huit heures pour ne pas arriver en retard. Marcher, prendre le métro, marcher de nouveau avant de croiser enfin les camarades sur la route de l'école. Notre oxygène du matin, c'est de descendre le parc de Belleville et de voir lentement disparaître la tour Eiffel sous nos yeux.

J'ai peur que cette situation s'éternise, peur de m'enliser, peur de la précarité. Bien qu'ayant un pied dedans je n'arrive pas à l'accepter, je fais l'aveugle, je garde la tête haute, combien de temps encore ?

samedi 6 septembre 2008

Présentation

Je vis seule avec deux enfants de 2 et 6 ans et je suis sans logement depuis plus de sept mois. J'attends depuis quatre ans un logement social de la mairie de Paris qui ne semble jamais vouloir venir. J'ai dû quitter l'appartement que nous occupions en janvier dernier. Depuis, nous avons habité chez des amis et depuis huit jours je trimballe mes enfants de logements d'urgence en appartements de secours.

Cela fait plusieurs mois que je cherche un logement dans le parc locatif privé, sans succès. Je travaille dans une bibliothèque universitaire et je dois passer les concours de la fonction publique en mars 2009. Mais comme je suis mère célibataire et que je travaille à mi-temps, les propriétaires ne veulent pas prendre de risques.

J'ai décidé d'écrire chaque semaine où j'en suis, un petit journal de bord pour moi-même mais aussi pour que tout le monde comprenne ce que ça veut dire concrètement, d'être sans logement aujourd'hui à Paris.

Qui êtes-vous ?