jeudi 25 décembre 2008

La semaine dernière est arrivée de Londres une amie de Anne et Jérôme, le couple qui nous sous-loue l'appartement. Elle avait besoin d'un hébergement temporaire, et donc nous avons cohabité cette semaine.

Jules était impatient de voir cette nouvelle personne et n'arrivait pas à s'endormir. Dès qu'il a entendu frapper à la porte, il s'est levé pour aller dire bonjour. Nous croisons tant de nouvelles personnes tout le temps, mais cela n'effraie pas du tout les enfants. J'aimerais que notre situation leur apprenne la solidarité, le partage, la gratitude. Même s'ils sont encore très petits et même si je les protège du mieux que je le peux face à notre situation, j'aimerais qu'ils prennent conscience que la vie n'est pas facile et que rien n'est donné d'avance.

Cette expérience nous aura fait rencontrer des personnes formidables et vivre des choses inoubliables. Cette année a été à la fois difficile et incroyable. Je ne peux oublier toute l'aide que m'ont apportée mes amis et ma famille, mais aussi des gens que je ne connaissais pas du tout avant le blog et l'article dans le Monde. J'ai rencontré des gens formidables qui nous ont hébergés ou apporté leur soutien d'une manière ou d'une autre. Et puis des rencontres qui se font par hasard, comme avec Stéph qui ne connaissait rien à notre histoire.

Notre cohabitation s'est très bien passée. Je lui ai laissé la chambre du bas car nous nous levons tôt tous les jours et les enfants sont assez bruyants. Elle est photographe et travaille avec des artistes dans la musique. Elle est venue en France accompagner Charlie Winston, un artiste qui devrait percer en France d'ici peu de temps. Il vient souvent à la maison et comme il y a un piano, on a eu la chance d'avoir un petit concert rien que pour nous. Tous ces moments sont inoubliables pour les enfants.

Nous sommes posés dans ce logement depuis un mois, cela nous a fait du bien de pouvoir rester quelque temps au même endroit, on a pu profiter de nos week-ends sans avoir à déménager. En ce moment, nous passons quelques jours de vacances chez ma mère dans le Sud-Ouest, cela fait du bien aussi de pouvoir se reposer vraiment. Mais je commence à m'angoisser, car je ne sais pas encore où nous irons à la rentrée.

Je vous souhaite un joyeux Noël et d'excellentes fêtes à tous, je pense en particulier aux personnes qui m'ont écrit pour me raconter leur vie dans des conditions très dures. Je souhaite fort que leur vie devienne plus facile. Pour les années à venir, je voudrais que de vraies solutions soient mises en place pour le logement. Sans jugement ni charité, juste parce qu'avoir un toit est un droit primordial.

Une pensée spéciale aussi pour Benoît, Virginie et Timothée.


lundi 8 décembre 2008

Nous avons un nouveau gîte depuis presque deux semaines. Pour déménager, j'ai emprunté une voiture et pendant que les enfants mangeaient avec Emmanuelle j'ai transbahuté toutes nos affaires. Ensuite, le plus tôt possible pour avoir le temps de nous familiariser avec notre nouvelle maison, je suis revenue chercher les enfants. Nous sommes repartis tous les trois sur notre fidèle vélo et j'ai fait la visite à Jules et Orphée.

C'est en fait une ancienne boutique qui donne directement sur la rue. C'est assez rustique mais plaisant malgré l'humidité et le froid qui passent à travers les murs. Ça me rappelle ma maison d'enfance qui était toujours en travaux : le sol de la pièce principale est en béton tout fêlé, la cuisine est carrelée de tommettes, les murs sont recouverts de dessins d'enfants et d'étagères avec des livres empilés, il y a un piano droit, une vieille voiture de course à pédale pour enfants. C'est simple, on s'y sent bien. Le rideau de la boutique est en bois et pour l'ouvrir il faut faire tourner la vieille manivelle avec tout son corps. Il y a une pièce principale avec dans l'arrière-boutique une cuisine, une salle de bains, et une toute petite chambre qui contient juste des lits superposés pour les enfants. Il n'y a pas vraiment de séparation entre ces pièces et je crois que c'est rassurant pour Jules et Orphée. Quand ils s'endorment, je suis dans la pièce juste à côté, ils m'entendent ranger et la lumière qui pénètre dans leur chambre les apaise tout doucement… Dans la cave au sous-sol se trouve la chambre où je dors. Pour y descendre il faut prendre un escalier en bois très à pic, l'accès est protégé pour les enfants. Il n'y a pas de fenêtre, juste un puits de jour sur la rue et un trou grillagé qui donne sur la pièce principale. Je pensais me sentir oppressée mais en fait pas du tout, la pièce est assez volumineuse, toute blanche et simple. Sur la longueur d'un mur se trouve des placards avec des portes coulissantes bancales. Et tout au fond des placards, avec Jules nous avons découvert une porte secrète !...

Les aléas de tout ces changements, c'est que l'on ne connait pas bien les maisons et les habitudes des propriétaires et de petits accidents peuvent parfois se produire...

Peu après avoir couché les enfants samedi soir, j'étais dans la pièce à côté quand tout d'un coup j'ai entendu un grand bruit : j'ai tout de suite compris que c'était Jules qui était tombé. Ce sont des lits superposés qu'ils ont bricolés et en haut, il n'y a pas de barrière de sécurité... J'ai eu tellement peur, cela fait quand même près de 1m60 de haut ! Heureusement il y avait quelques coussins par terre... Je me suis précipitée, j'ai pris Jules dans mes bras et je l'ai installé sur le canapé, mais il s'est rendormi tout de suite. J'étais tellement inquiète que j'ai entrepris de lui poser toutes sortes de questions pour voir s'il n'avait pas perdu conscience et s'il avait toute sa lucidité : « Tu t'appelles comment ? », « Tu as quel âge ? », « Qui est ton frère ?»... Tout en dormant, il a répondu très normalement à mon interrogatoire absurde, ce qui m'a un peu rassurée. Le lendemain au réveil il se demandait ce qu'il faisait sur le canapé, il avait tout oublié ! Quand Jules dort, rien ne peut le tirer du sommeil. Au petit déjeuner, je lui ai quand même reposé des questions pour m'assurer que tout allait bien, et ce qui est sûr c'est qu'il n'a oublié aucun nom de dinosaures ou autres animaux préhistoriques, même pas le Dunkleosteus qui, si vous l'ignoriez, "est un énorme poisson presque aussi méchant que le Mégalodon !"

On a finalement trouvé une planche toute fine et flexible qui fait exactement la longueur du lit, cela doit être ce qui normalement fait office de barrière de sécurité. On l'a installée et pour en vérifier la solidité, Jules est monté dans le lit et l'a poussée d'un coup de tout son corps comme s'il voulait passer au travers. Ça va, ça a l'air solide, la planche le renvoyait en arrière comme un trampoline, à son grand amusement. La nuit suivante, il n'a pas eu la moindre appréhension au moment de grimper dans son lit.

Par contre j'ai l'impression que Orphée ne se sent pas à l'aise ici, il ne dort pas bien et hier il ne voulait pas rentrer dans la maison. Souvent la nuit il se réveille et je dois monter le chercher pour le prendre avec moi dans le grand lit au sous-sol. Je pensais pourtant qu'il avait complètement assimilé notre mode de vie. Il avait seulement un an et demi lorsqu'on a quitté notre appartement, il était trop petit pour se souvenir de cette période. J'imagine que ça doit lui sembler normal de changer régulièrement de maison. Ce n'est pas comme Jules qui souvent se souvient de sa chambre et regrette les jouets qui depuis si longtemps sont dans des cartons… Je vais néanmoins pouvoir récupérer bientôt son vélo qu'on avait laissé en haut de Belleville, car ici nous avons la possibilité de le rentrer et de le ranger facilement. J'ai amené le mien à réparer samedi dernier car cela fait plus d'un an que je l'ai et il fallait faire une petite révision, on roule quand même à trois dessus ! Je l'ai récupéré hier en meilleur état, c'est plus sûr et plus agréable. Comme on n'habite pas très loin de l'école on pouvait s'en passer ces jours-ci, mais vu qu'en janvier je ne sais pas encore où nous serons, il vaut mieux prendre toutes nos précautions !

C'est bientôt les fêtes et à la demande de Jules j'ai acheté quelques décorations de Noël mais j'avoue que je n'ai pas la tête à ça. Après tout ce bruit sur mon blog les choses passent et je n'ai toujours aucune piste pour un logement fixe, aucun signe de la mairie à part une lettre de M. Vaillant m'expliquant un ultime signalement au préfet de Paris. Nous descendons sur Bordeaux pour les fêtes, je ne nous voyais pas rester à Paris, les enfants ont besoin de changer d'air et d'être chouchoutés par leur grands-parents. Mais je reste optimiste et confiante, 2009 sera une bonne année pour nous.

dimanche 23 novembre 2008

Quand j'ai commencé ce blog en septembre dernier, c'était juste pour raconter au jour le jour ce que nous vivions tous les trois. Au début je voulais envoyer une lettre chaque semaine à Daniel Vaillant pour lui décrire concrètement ce que c'est que d'être sans logement, car j'avais l'impression qu'à la mairie, ils ne s'en rendaient pas bien compte. Et puis je me disais que ça changerait des lettres purement administratives, j'avais l'impression que de toutes façons elles terminaient toutes sur un tas de dossiers. J'aurais peut-être plus de chances comme ça d'avoir une réponse du maire... C'est mon frère qui m'a suggéré d'en faire un blog. J'ai hésité, je n'étais pas sûre de vouloir que tout le monde puisse lire ma vie... Et je ne voyais pas du tout comment les gens pourraient tomber dessus... J'étais loin d'imaginer l'ampleur que ça allait prendre !

Ces derniers jours, je dois dire que je me suis sentie vraiment dépassée, il m'a fallu prendre un peu de recul. J'ai reçu énormément de messages de soutien, de propositions, d'offres d'aide, de conseils, d'encouragements ! On nous a proposé des hébergements temporaires, des coups de main pour des déménagements, des petits tuyaux pour que les enfants se sentent bien, des dons d'habits, on m'a même proposé de garder les enfants. Des gens m'ont écrit de partout dans le monde, des hommes et des femmes de toute classe sociale, parents ou pas, des anciens SDF, des grands-pères et des grands-mères, des étudiants, et même des adolescents qui me disent : « J'ai 12 ans mais je trouve tout de même ça révoltant !» Je voudrais vraiment pouvoir remercier chacun d'entre vous, c'est incroyable que tant de gens se sentent touchés par notre situation, et vous n'imaginez pas à quel point c'est réconfortant de sentir que l'on n'est pas tout seul !

J'ai reçu aussi beaucoup d'autres sollicitations de la presse, de radios et de télés. Pour l'instant j'ai préféré ne pas donner suite. Ma priorité actuellement est de trouver un logement et de m'occuper de mes enfants. J'ai commencé ce blog dans cette urgence et je vais continuer, mais je n'ai pas le temps de faire plus, et je ne veux pas nous exposer davantage. Certaines personnes voudraient faire de moi l'égérie des mal-logés. Mais je ne me vois pas dans ce rôle-là, je n'ai pas l'âme d'une porte-parole, ça ne me ressemble pas du tout. Bien sûr, je veux que ce qui se passe en ce moment soit utile à tous ceux qui comme nous ont besoin d'un toit. Mais tout ce que je peux faire, je le fais par ce blog. Il y a même plusieurs éditeurs qui m'ont proposé de faire un livre ! Cela m'a bien fait rire, c'est un peu exagéré quand même !

Cependant j'ai accepté de rencontrer une journaliste de l'émission « Arrêt sur image » qui est diffusée sur internet, mais c'est pour un article écrit qui est paru sur leur site. Leur démarche est différente, l'article parle de la solidarité qui s'est créée chez les « mamans blogueuses » et tente de retracer comment le mouvement s'est formé. Et j'avoue que j'étais curieuse de le comprendre ! Ce qui est amusant, c'est que la journaliste a retrouvé la première personne qui a mis mon blog en lien depuis le sien ("la mare enchantée"), et il se trouve que je connais très bien cette personne, mais elle ne m'avait pas mise au courant de sa démarche. Et si ça se trouve, tout a commencé grâce à elle...

J'ai vu aussi qu'il y a eu quelques débats sur le blog et apparemment ailleurs. J'imagine que c'est inévitable quand on fait l'objet d'un article à la fois aussi personnel et aussi public. Je ne tiens pas à répondre à des critiques souvent mal informées, mais je voudrais préciser deux-trois choses qui étaient peut-être ambiguës dans l'article du Monde.

D'abord, l'article laisse entendre que j'avais un « emploi » à Bordeaux que j'aurais quitté pour venir à Paris. En réalité, j'étais en formation dans les chevaux et nous avions une semaine d'école pour deux semaines de stage. J'ai ainsi travaillé dans des écuries pendant quatre ans mais sans être rémunérée. Lorsque j'ai quitté Bordeaux, il y a maintenant dix ans, c'était à la fin de ma formation, je n'avais pas de travail. C'est en arrivant à Paris que j'ai commencé à gagner ma vie en faisant des petits boulots.

Par ailleurs, concernant Madiop, le père de mes enfants, je ne voudrais pas qu'on imagine que c'est quelqu'un d'absent, de négligent, ou d'irresponsable. Nous sommes séparés mais nous restons proches et nous nous respectons beaucoup. Financièrement, il n'a pas actuellement la capacité de m'aider, mais chaque fois qu'il le peut, il est présent pour les enfants. Souvent, je quitte tard le travail et c'est lui qui se charge d'aller chercher Jules à l'école et Orphée à la crèche, et il les garde régulièrement le soir.

Enfin, je voudrais répondre aux gens nombreux qui me conseillent de quitter Paris pour la banlieue ou la province. Si je ne le fais pas, ce n'est pas par entêtement, c'est que la question ne se pose pas vraiment : toute ma vie est ici. Mon travail est ici, le père de mes enfants est ici, mon frère est ici, mes amis sont ici, l'école de Jules est ici, tous ses copains sont ici, la crèche d'Orphée est ici... Si je pars de Paris je n'aurai plus rien. Je veux rester à Paris parce que maintenant c'est chez moi, voilà tout. Je ne veux pas que ce soit un luxe réservé aux riches. Je pense que chacun devrait être libre de vivre où il le souhaite, quels que soient ses revenus.

Et voilà que même M. Vaillant m'a laissé un commentaire jeudi soir ! Je le remercie beaucoup de sa réponse que j'ai lue attentivement. Je ne doute pas que lui et son équipe fassent de leur mieux pour régler le problème du logement dans le 18ème. Qu'il se rassure, je n'ai jamais pensé que la médiatisation suffirait à avoir un logement social tout de suite. Ça serait trop facile s'il suffisait de passer dans un journal et hop tout est réglé !

Je ne demande pas un traitement de faveur. Je suis bien consciente des difficultés de la mairie avec toutes les demandes d'urgence, mais il y a un vrai problème et j'en fais partie.

Si je peux donner mon avis, je trouve déprimant que la réponse des politiques soit toujours : "On ne peut rien faire de plus..." Je ne sais pas ce que les politiques devraient faire pour régler le problème du logement, mais c'est à eux de le savoir, pas à moi ! S'ils sont d'accord pour dire que ce n'est pas normal que des dizaines de familles soient à la rue, s'ils sont d'accord que des cas comme le nôtre ne sont pas isolés mais qu'il y a un vrai problème social, c'est leur travail à eux de trouver des solutions, non ?

M. Vaillant, vous avez certainement raison de rappeler que les règles sont les règles et qu'elles sont les mêmes pour tous. Je suis bien d'accord. Mais je n'oublie pas que les règles, c'est vous qui les faites ! C'est votre responsabilité de décider de construire plus de logements sociaux, de décider s'il vaut mieux les attribuer aux plus pauvres ou bien aux classes moyennes, de décider si les gens qui dépassent les plafonds doivent encore être logés par les HLM ou s'il faut davantage de roulement... Je comprends quand mon assistant social me dit qu'il ne peut rien faire de plus, parce que je sais que ses moyens d'actions sont limités par les choix qu'ont faits les élus. Mais vous, vous ne devriez pas pouvoir dire cela, car c'est votre rôle de politique de trouver des solutions aux problèmes, non ? C'est difficile, je veux bien le croire, mais c'est votre travail et vous l'avez choisi.

Mon travail à moi, à mon petit niveau, c'est de vous expliquer la situation, pour que vous compreniez mieux ce que vivent les gens sans logement, et que vous puissiez mieux répondre à leurs problèmes. C'est pour cela que j'ai commencé ce blog. D'autres le font autrement, en militant ou en manifestant, moi je le fais avec ce blog. Si cela peut modifier ne serait-ce qu'un tout petit peu les politiques vis à vis du logement, alors ça n'aura pas servi à rien.

Pour ce qui est des hébergements d'urgence, c'est-à-dire de l'hôtel, c'est vrai que je n'ai pas accepté l'aide des services sociaux. M. Kossi, qui m'a reçue à la permanence, a aussi beaucoup insisté mais l'hôtel coûte extrêmement cher malgré les aides financières. On ne peut pas y vivre au quotidien comme dans un appartement (on ne peut pas cuisiner, les toilettes sont souvent sur le palier...) Et je connais tellement de familles qui y sont depuis des années...

Pour l'instant donc, pas de nouvelles des HLM, et la vie continue pareil.

Lundi, j'ai enfin trouvé un moment de libre pour aller à la cave où sont entreposés d'anciens habits de Jules que j'aurais voulu mettre à Orphée. Je suis arrivée là-bas toute contente, j'ai surpassé ma phobie du noir pour trouver la lumière au fond de la cave et j'ai ouvert la porte que j'avais fermée il y a plusieurs mois. Je n'y étais jamais revenue et je ne me souvenais pas de la façon dont on avait rangé. En fait c'est un véritable Tétris en 3D ! Tout y est empilé à la perfection du sol au plafond, et bien sûr je n'avais pas imaginé devoir récupérer des affaires au compte-goutte, ce qui fait que je n'ai rien retrouvé. J'ai refermé la porte, éteint la lumière et suis repartie un peu amère. Le soir, comme je racontais ma déception à Emmanuelle, elle s'est levée d'un coup et a sorti d'un placard plein d'habits de ses filles qui étaient trop petits et qui pouvaient aller aussi bien à des garçons !

Le week-end dernier nous n'avions pas de déménagement à faire, du coup on a pu profiter de nos journées. On est allé au parc rejoindre des amis et comme nos enfants sont du même âge et que ce sont des petits mecs, ils ont joué au foot. Ça peut paraître anodin mais ce sont juste des moments de joie.

Nous quittons l'appartement d'Emmanuelle dans quelques jours. Je lui suis très reconnaissante pour son accueil et surtout ça a été une vraie rencontre. Elle et ses filles ne sont finalement pas parties en vacances. Léah a été très malade, son état ne lui permettait pas de voyager. Du coup on a passé beaucoup de temps ensemble. L'avantage de vivre des choses difficiles, c'est que cela rend plus fort et que l'on rencontre des gens formidables.

Cette fois-ci, je vais sous-louer un appartement pour un mois. Nous restons une fois de plus dans le quartier, entre le jardin d'Eole et la rue Marx Dormoy. Mais j'espère que ce sera le dernier, et qu'ensuite nous aurons notre appartement à nous !

vendredi 14 novembre 2008

Dimanche soir on a emménagé chez Emmanuelle qui nous accueille pour deux semaines. Elle a deux filles, Louise (5 ans et demi) et Léah (3 ans). Louise et Jules ont presque le même âge mais ils ne se connaissaient pas vraiment, ils se croisaient juste l'année dernière de temps en temps à la crèche quand on venait chercher leur frère et sœur, mais ils ont vite sympathisé. Emmanuelle nous a laissé sa chambre pour que les enfants puissent s'endormir au calme et que le salon reste accessible aux adultes une fois les enfants couchés.

En général, mes fils fréquentent beaucoup plus des garçons mais ils se sont très vite adaptés aux jeux de filles. Orphée trimballe partout une Barbie qu'il a chipée à Louise et qu'il appelle « la dame ». Il prend son bain avec elle, il mange avec elle... Pas question de la lui prendre ! Il y a une bonne ambiance dans l'appartement, mardi nous sommes tous allés au parc de la Courneuve avec une autre amie qui a trois garçons, c'était chouette de sortir avec toute notre troupe...

Emmanuelle et moi on ne se connaissait pas vraiment non plus, je n'étais jamais venue chez elle par exemple. Mais on a quasiment le même âge et ça se passe super bien. On discute longuement le soir, c'est agréable de cohabiter. Depuis septembre, la plupart du temps, les gens qui nous ont prêté leur appartement n'étaient pas là : d'un côté c'est bien car on n'a moins peur de gêner, mais de l'autre c'est réconfortant de partager, de discuter, de vivre ensemble. Je n'avais pas trop le moral lundi, mais en rentrant à l'appartement il y avait mon frère (il s'occupe des enfants tous les lundis soirs) et Emmanuelle qui étaient là : on a bu un verre ensemble dans la cuisine une fois les enfants couchés, on a discuté de choses et d'autres, on a rigolé ensemble, tout de suite ça allait beaucoup mieux. Dans quelques jours Emmanuelle et ses filles partiront en vacances, la maison va nous sembler bien vide...

Les enfants vont bien. Depuis leur retour, nous sommes tous les trois détendus, du coup c'est plus facile entre nous. Ils sont juste un peu déroutés de changer toujours de chambre, de lit, de camarades, forcément ça les perturbe... La première nuit, Orphée s'est réveillé en pleine nuit et bien que je l'aie pris avec moi, il n'a pas refermé les yeux pendant une heure. Jules, lui, a toujours un peu de mal à s'endormir. Ils s'adaptent vite mais leurs nuits sont parfois agitées.

La semaine dernière on était de retour chez P. et C. qui nous avaient laissé leur appartement. J'en ai profité pour rassembler mes affaires et tout trier. Nous sommes repartis avec un seul sac, un gros sac rempli du minimum nécessaire, car dernièrement j'ai eu bien des difficultés lors de nos déménagements : on devait faire plusieurs allers-retours pour tout trimballer, ça m'est arrivé de les faire à vélo lorsque les enfants étaient à l'école et à la crèche. Je n'avais pas encore acheté mon gros sac, du coup j'avais un sac à dos et pleins de grands sacs en plastique qui débordaient. Je les coinçais comme je pouvais sur les sièges des enfants et je sillonnais les rues du 18ème sous les yeux étonnés des passants. C'était assez rocambolesque quand j'y repense…

Il y a quelques jours j'ai été contactée par le journal « Le Monde ». C'est Tiphaine, une lectrice du blog qui vit en Angola, qui leur a signalé notre existence. J'ai accepté de rencontrer la journaliste, Béatrice Gurrey, et toute la semaine nous avons été en contact. Elle a rencontré Jules et Orphée, et elle a aussi tenu à parler aux gens qui nous entourent ou nous hébergent. Il y a même un photographe qui est venu nous prendre en photo !

Béatrice m'avait demandé de ne pas en parler avant qu'il paraisse alors voilà, c'est fait, l'article est dans le Monde d'aujourd'hui, si vous voulez le lire c'est en page 3.

Je trouve incroyable qu'un si grand journal s'intéresse à notre situation ! Je suis un peu gênée de voir autant de place nous être consacrée : il y a tellement de gens qui sont dans des situations bien plus difficiles que nous, sans abri ou sans papiers, et dont personne ne parle... En même temps je dois absolument trouver rapidement un toit pour mes enfants, et l'article va peut-être aider. L'espoir que j'ai, c'est que l'article ne serve pas qu'à nous, mais à tous ceux qui cherchent un toit.

Je connais bien des familles qui sont depuis des années dans des hôtels ou dans des studios souvent piteux. On leur dit de patienter, de faire leur renouvellement de demande HLM chaque année et d'attendre. Faute de mieux, ils patientent sans rien dire. Nous, nous avons la chance d'être aidés par beaucoup de gens, amis, collègues, parents de la crèche ou de l'école, et aussi maintenant des personnes qui ne nous connaissent que par le blog et qui m'écrivent pour nous offrir l'hospitalité ! C'est tellement beau et généreux, d'un certain côté nous sommes très privilégiés !

J'en profite pour m'excuser auprès de tous ceux d'entre vous qui m'ont écrit dernièrement, car je n'arrive plus à répondre à tout le monde. Mais chaque mail et chaque commentaire m'encourage et me fait du bien !

lundi 10 novembre 2008

J'ai dû modifier mes horaires de travail pour pouvoir aller à la permanence parlementaire de Daniel Vaillant jeudi dernier : j'avais reçu quelques jours avant une lettre signée de lui dans laquelle il m'invitait à y passer entre telle et telle heure. C'était compliqué de m'organiser mais j'étais bien contente que monsieur le Maire se donne la peine de me recevoir, car j'ai beaucoup de choses à lui dire !

En arrivant là-bas, je me suis aperçue que le monsieur qui reçoit les gens n'est en fait pas Daniel Vaillant mais un assistant parlementaire... Mais je n'ai pas eu le temps d'être déçue car au moment où je m'asseyais pour patienter avec d'autres gens, le téléphone a sonné. J'ai tout de suite compris que la conversation me concernait : "Ah, Julie Lacoste, oui, on est au courant !... Mais qu'est-ce qui se passe ?... Lundi on a reçu au moins 200 mails à son sujet !... Sans compter toutes les lettres qui sont arrivées par la Poste !…Mais elle est où en ce moment ? Il faudrait signaler son cas... Ah, elle a déjà rencontré Vaillant... Mais alors qu'est ce qu'on peut faire ?..." C'était très drôle d'entendre parler de moi sans que personne ne sache que j'étais présente !

Puis il a raccroché et il a reçu les deux personnes qui étaient là avant moi. Rapidement ça a été mon tour. Je me suis levée et je me suis présentée : « Bonjour, je suis Julie Lacoste ». Je l'ai senti complètement dérouté... Il ne savait pas quoi me dire... Ni par quoi commencer... Il a ressorti mon vieux dossier et il m'a montré toutes les lettres qu'ils ont reçues ces derniers jours. Il m'a proposé d'en lire quelques unes et m'a demandé s'il pouvait regarder le blog. Je lui ai dit bien sûr, je lui expliqué que c'était public et que si j'ai décidé de le faire, c'est aussi pour informer les gens comme lui de la situation des gens comme moi... Je lui ai montré comment le lire. Je lui ai notamment fait voir le passage où je raconte que j'ai rencontré par hasard M. Vaillant, qui m'avait promis de me rappeler. Et je n'ai pas manqué de lui dire qu'il ne l'avait jamais fait.

A un moment il m'a demandé : "Mais pourquoi on ne vous a pas donné de logement ?" J'ai été tellement stupéfaite de sa question que je lui ai demandé de répéter. Il m'a reposé la même question. Je lui ai alors demandé s'il parlait des logements privés ou sociaux. Il parlait bien des logements sociaux. Alors je lui ai répondu que c'était précisément pour poser cette question que j'étais là !

Quand je lui ai raconté que je n'avais toujours pas de nouvelle de mon dossier DALO, il m'a répondu que c'était très important d'avoir cette pièce dans le dossier et que je devais aller à la CAF me renseigner. Je lui ai répondu que je pensais que la CAF était juste intermédiaire, on y dépose les dossiers et ils font suivre. Je crois que c'est à ce moment là qu'il m'a sorti : "Mais Julie, il faut se bouger !... " Je dois dire que n'ai pas très bien pris sa remarque. Je lui ai répondu un peu sèchement que je ne faisais que ça, bouger, bouger, bouger, que je me bouge tout le temps, que je n'arrête pas de bouger, et que c'est justement pour ça que j'étais devant lui, parce que je suis fatiguée de bouger : j'ai besoin d'un logement pour enfin pouvoir me poser, m'occuper de mes enfants et préparer mon concours.

Il m'a répondu qu'il ne fallait pas s'énerver, qu'on était là pour discuter... Finalement voici ce qu'il m'a dit qu'il allait faire : il va de nouveau signaler notre situation à l'adjoint chargé au logement, à la préfecture et à la mairie de Paris. Il va appeler mon assistant social. Une commission d'attribution aux logements devrait avoir lieu dans les semaines qui suivent, car cela fait longtemps qu'il n'y en a pas eu. Ils feront tout pour que mon dossier passe en commission et si je ne suis pas prise à la prochaine, mon dossier sera présenté à chaque commission jusqu'à obtention. Et vu ma situation, on peut être assez optimiste pour que j'obtienne un logement "d'ici janvier ou février"...

De mon côté, je dois de nouveau remplir un dossier à déposer à la mairie au plus tard la semaine prochaine avec tous les documents nécessaires. Un dossier que j'ai déjà rempli avec mon assistant social début septembre...

Je l'ai quand même trouvé assez sympathique, même s'il avait l'air un peu déconnecté des réalités... On m'a dit de lui qu'il était humain, raisonné, efficace... Il avait l'air complètement dépassé par l'ampleur du soutien qui est en train de se former autour de nous grâce aux lecteurs et aux lectrices du blog. En partant, il m'a dit que lorsque je serai sortie de la pièce ou que j'aurais seulement tourné le dos, ils auraient déjà reçu des dizaines de nouveaux messages, et que ça allait certainement continuer... Je lui ai dit qu'en effet, le blog est très lu en ce moment, et que ça allait sûrement faire un peu de bruit... Alors il a ajouté : « Oui, si ça se trouve, vous allez être contactée par la presse... » Je lui ai répondu en souriant : « Ah oui, ça serait bien si ça pouvait faire avancer les choses !… »

Je remercie infiniment Marion de son initiative, ainsi que toutes les personnes qui ont envoyé un courrier à la permanence de M. Vaillant : j'ai vu de mes propres yeux leur messagerie envahie par vos courriers ! Et une pile impressionnante de lettres dans mon dossier ! J'ai bon espoir que les choses changent, et si c'est le cas, ce sera grâce à vous !

dimanche 2 novembre 2008

Bonjour à tous et à toutes. Merci encore pour tous vos commentaires et vos encouragements. Cela me donne beaucoup d'énergie et de détermination dans mon combat. Comme promis, je vais essayer de répondre le plus précisément possible à toutes vos questions sur notre situation actuelle et sur les démarches en cours :

Je viens de récupérer les enfants ce week-end à Bordeaux chez ma mère. Je crois que notre courte séparation a été bénéfique pour nous trois. J'espère que l'on va repartir dans notre quotidien perturbé avec plus de force et de sérénité.

On est rentrés à Paris aujourd'hui et nous retournons pour une semaine chez P et C car ils sont absents et nous prêtent l'appartement. Ensuite nous allons chez une maman de la crèche qui nous hébergera un temps. Cela fait un moment qu'elle nous le propose. Elle habite un HLM tout près de la crèche et elle a deux filles à peu près du même âge que Jules et Orphée. Nous serons donc à l'abri et au chaud pour un petit moment, donc ne vous inquiétez pas trop !

Pour ce qui est des démarches :

Bien sûr, le maire du 18ème et le préfet ont tous deux mes dossiers de demande de logement. Je fais partie des personnes prioritaires, mais il y a tellement de personnes prioritaires !

J'ai également déposé à la CAF le dossier DALO (Droit à un Logement Opposable) il y a maintenant plus de quatre mois, mais je n'ai toujours pas reçu d'accusé de réception. Je dois rappeler l'assistant social : il y a un mois, il me disait que c'était possible que ça prenne autant de temps du fait du grand nombre de dossiers, mais maintenant je me dis que ce n'est pas normal. Je connais la lenteur de l'administration, mais j'ai peur que mon dossier se soit purement et simplement perdu.

Je suis suivie par un assistant social qui a repris mon dossier il y a peu de temps, car dans notre quartier les équipes changent très vite ! Il a entrepris toutes les démarches possibles, je crois qu'il a vraiment fait de son mieux, c'est quelqu'un de professionnel qui a su entendre notre problème. Mais il ne peut que faire suivre et appuyer le dossier, après ça lui échappe complètement. Il a fait par ailleurs divers dossiers de demande pour des foyers… Mais je ne rentrais jamais dans les critères ! Soit il faut travailler mais ne pas avoir d'enfants, soit avoir des enfants mais ne pas travailler... Après ça, je me suis un peu découragée et je n'ai plus fait de démarches auprès des foyers…

Il y a quelques mois, j'ai aussi été voir l'assistante sociale de l'université pour qui je travaille, mais dans la fonction publique, si on n'est pas titulaire on ne peut rien faire pour vous. Je travaille avec un contrat précaire, c'est pour cela que je passe les concours. Je n'ai pas écrit ce blog pour parler des emplois précaires, pourtant j'aurais beaucoup à dire à ce sujet aussi !...

Je ne travaille pas pour la ville de Paris, mais j'aurais de toute façon le même problème : non titulaire…

J'ai appelé Habitat et humanisme, une association qui m'a été recommandée par plusieurs lectrices de mon blog et sur laquelle j'ai vu un reportage l'autre jour à la télé. Une dame bien sympathique m'a répondu et elle m'a expliqué le fonctionnement de cet organisme sur la région parisienne. Ils s'occupent des familles sortant des hôtels. Mais ce n'est pas aussi simple que ça. Ce sont les organismes des logements sociaux qui leur envoient des dossiers. Bref, il est impossible de déposer de dossier chez eux. Je lui dis que ça avait l'air beaucoup plus simple à la télé, ce à quoi elle m'a répondu que la télé ne montre que ce qu'elle veut, et en l'occurrence, dans l'émission, ils n'ont parlé que de cas en province : en Île-de-France, la situation est bien plus compliquée du fait de la pénurie de logement….

J'ai une attestation d'hébergement chez des amis. Je n'habite pas chez eux, mais ça me permet de recevoir mon courrier à une adresse fixe. Cependant je vais peut-être devoir changer car la concierge n'est pas très aimable, ça la dérange de monter mon courrier parce que je ne suis pas locataire. Il existe des sociétés de domiciliation, il faut que je me renseigne.

On parle souvent de la solidarité dans les pays du sud, mais je constate qu'en France elle existe aussi et je vous remercie de nouveau pour toutes vos suggestions, démarches, manifestations d'amitié et de soutien. Je suis très touchée de toutes les propositions d'hébergement que j'ai reçues, je ne manquerai pas de vous contacter si nous sommes dans l'urgence. Je vous remercie aussi pour vos offres de vêtements, de nourriture ou autre, c'est très gentil, mais nous n'en avons simplement pas la nécessité : tout ce dont nous avons besoin, c'est d'un logement !

Salutations à tous et à toutes. Je vous redonne des nouvelles très vite.

jeudi 30 octobre 2008

Je me souviens du jour ou K. réintégrait son appartement, car le soir nous avions dû passer pour récupérer une partie de nos sacs et, contrairement à ce que nous avions fait pendant la semaine, nous avions sonné à sa porte.

K. était déjà là avec ses enfants et des amis. Orphée était complètement perturbé, toute la semaine nous étions seuls, nous rentrions avec une clé, et voilà que d’un coup tout changeait ! K. nous a proposé de rester un peu et finalement nous avons mangé avec eux. Mais Orphée n’a pas voulu enlever son manteau et il est resté toute la soirée collé à moi.

Samedi 11 octobre, nous sommes allés manifester au 24, rue de la banque :

« Contre la crise du logement et la loi Boutin : Un logement pour tous ! »

Les organisateurs nous montraient tous les immeubles vides depuis longtemps dans le quartier. Je ne connaissais personne alors au début j'étais là, je suivais, j'observais en silence. Puis les slogans ont commencé à m'emporter, le sentiment d'appartenir à un groupe s'est peu à peu installé en même temps que le dégoût de la spéculation, et j'ai fini moi aussi par scander en compagnie de Jules qui s'en donnait à cœur joie :

« Madame Boutin ! Arrête ton baratin ! Application de la loi de réquisition ! ».

Mais aussi :

« Mais qu’est-ce qu’on veut ? » « Logement ! », « Et pour qui ? » « Pour tous ! »

« So So, solidarité pour les mal logés ! »….

Je portais Orphée sur le dos dans l’écharpe et chaque fois que la musique s’arrêtait il disait « encore ! ». Bien sûr, je ne pense pas qu’il comprenait le sens de toute cette agitation mais ça lui plaisait. Jules, lui, m’a dit : « Maman, je pense que tu aurais mieux fait de garder l’appartement qu’on avait ».

A la fin de la manifestation un goûter était servi et un photographe a photographié Orphée. Je lui ai demandé alors pour qui il travaillait. Il est indépendant, il couvre pas mal de manifestations. Comme il met en ligne les photos sur internet, il m’a donné son site pour que je puisse visualiser les photos. Je lui ai donné l’adresse de mon blog, peut-être on peut faire des choses ensemble.

Depuis, dans la cour de l’école, Jules a embrigadé ses camarades, il m’a raconté qu’ils se mettent en ligne et tout en avançant, ils crient les slogans de la manif, son préféré étant « Madame Boutin ! Arrête ton baratin !… ».

J'avais mis un peu de côté le blog ces derniers temps. J'avais écrit une première version de ce post mais je l'ai perdue et je me suis découragée. Mais me voici de nouveau, je veux vous tenir informés et je dois continuer, pour moi et mes enfants, mais aussi pour tous ceux qui sont dans la même situation que nous.

Je suis très touchée par tous vos commentaires ! Je suis surprise de voir à quel point mon blog circule sur internet et j'avoue que cela m'a fait un peu peur. La sensation de ne plus maîtriser, l'idée que tout le monde puisse avoir connaissance d'une partie de ma vie. En même temps je l'ai fait pour ça, mais je suis assez pudique. J'ai lu toutes vos suggestions et toutes vos idées, je remets tout ça au clair pour pouvoir agir et je vous réponds très vite !

jeudi 9 octobre 2008

Je suis allée au rendez-vous de la maîtresse.

D'après elle, Jules est un enfant intelligent avec une grande aisance à l'oral, qui s'intéresse à beaucoup de sujets, mais il a un problème de concentration, de mise au travail et de discipline. Lorsque la maîtresse demande aux enfants de faire un exercice d'écriture par exemple, il commence son travail lorsque les autres l'ont pratiquement terminé. Du coup il ne peut le finir. Il aurait un peu tendance aussi à copiner avec les éléments perturbateurs de sa classe, la maîtresse pense qu'il serait dommage qu'il aille dans cette direction.

J'aimerais avoir plus de temps pour l'aider dans ses devoirs mais on rentre tard et le week-end souvent on déménage... Néanmoins je m'organise petit à petit.

Orphée est malade, il a eu de la température hier soir dans la soirée et je n'avais même pas de thermomètre ni de doliprane. J'ai rendez-vous ce soir chez le pédiatre et il faut que je pense à récupérer une trousse de premiers soins et leur carnet de santé.

J'ai eu le temps ce week-end de récupérer les manteaux d'hiver des enfants mais j'ai encore tous les habits pour Orphée (anciens habits de Jules) à la cave. Elle se trouve dans le 12 ème et je n'ai pas vraiment l'occasion d'y aller.

Pendant trois jours, je ne sais pas encore où nous irons dormir. Ensuite Orphée va partir quinze jours dans le sud-ouest en vacances chez sa grand-mère ; son frère le rejoindra la première semaine de vacances. La semaine du 20, Jules va passer une semaine avec son père qui est sans domicile fixe lui aussi, mais qui s'est arrangé pour le garder. Pendant quinze jours, je n'aurai donc à m'occuper que de moi, ce qui est déjà un genre de vacances... Je n'ai pas eu de réponse à mon annonce de sous-location pour octobre. Je pense maintenant à novembre et décembre.

dimanche 5 octobre 2008

mercredi :

Finalement, je n'ai pas été prise au cours d'anglais car le jour des inscriptions je suis arrivée trop en retard à cause du travail. Je suis déçue mais en même temps c'est tellement compliqué de faire garder des enfants quand on a pas de maison... La baby-sitter veut bien continuer de récupérer Jules le vendredi soir même si je n'ai besoin d'elle que pour une heure ; dès que j'aurai un point fixe, je la solliciterai davantage.

J'ai parlé aujourd'hui à la secrétaire avec qui je suis en contact à la mairie et ça m'a redonné un peu de courage. Elle voyait très bien qui j'étais et m'a parlé de mon blog sans que j'en dise un mot... Elle m'a dit que c'était difficile avec les commissions d'attribution de logement mais qu'ils font leur possible, que je dois garder courage, ça va aboutir...

Elle est très gentille cette dame et je sens qu'elle est sincère mais je ne serai rassurée que lorsque j'aurai reçu un papier m'attribuant un logement.

Je veux que ma vie change.

J'espère que j'ai raison de continuer dans cette voie, que je me fais pas trop d'illusion, ce n'est pas facile car en ce moment je travaille à plein temps alors je suis un peu coincée pour téléphoner et me déplacer et je n'arrive à avoir aucun des contacts que l'on m'a conseillé d'appeler. J'ai l'impression de tourner en rond.

On est à deux jours de notre départ de l'appartement que nous occupions cette semaine. J'ai envoyé un mail ce matin à une maman de la crèche car je me suis rappelé qu'elle est absente pour dix jours. Drôle de coïncidence, elle m'a laissé un message quasi en même temps pour me proposer ses clés. On se voit ce soir pour plusieurs infos et remise de clés, dès demain on pourra s'installer.

Le soir avec Jules et Orphée nous allons donc le visiter. Elle vient d'emménager et est en train de refaire la peinture de la chambre. On attendra deux jours avant d'y aller, le temps de bien aérer.

dimanche :

Le plus dur à chaque fois que l'on arrive dans un nouvel appartement c'est de s'approprier des lieux. J'ai l'impression que les enfants s'adaptent plus vite que moi. Souvent pour me sentir chez moi, j'ai besoin de faire le ménage, je ne sais pas pourquoi, les enfants ont au contraire besoin de mettre le bazar, de tout explorer.

Il y a une vieille chatte, je ne suis pas très chat alors au grand plaisir de Jules c'est lui qui s'en occupe. Il lui donne à manger et à boire tous les jours et nous nous occupons de la litière ensemble.

Nous voilà donc posés pour dix jours à côté de l'église St Bernard.

jeudi 25 septembre 2008

J'ai été sélectionnée pour les cours d'anglais de la Mairie de Paris, bonne nouvelle ! Maintenant il faut que quelqu'un garde les enfants pendant les deux heures de cours, j'ai trouvé une baby-sitter et je lui ai expliqué que je n'avais pas de logement et que je ne savais pas encore où elle les garderait, elle était surprise mais n'a pas pris la fuite, ouf !

Mardi dernier, elle est venue les garder chez K., la maman qui nous a prêté son appart, et ça l'a étonnée car elle avait déjà fait du baby-sitting ici. Est-ce que les personnes qui nous prêterons leur logement ou nous hébergerons accepteront qu'une personne qu'ils ne connaissent pas viennent chez eux pendant leur absence ?

Une chose qui est très stressante quand on est chez quelqu'un, c'est de ne rien casser, ne rien abîmer. Je gronde les enfants pour qu'ils rangent bien les jouets, qu'ils ne touchent pas à tout. Et une fois les enfants couchés, je passe en revue les lieux et range tout soigneusement…

Je cherche à sous-louer quelque chose en octobre mais pour l'instant je n'ai rien trouvé dans le quartier. Il y a des jours ou je perds complètement courage et j'ai envie de tout laisser tomber. Cette semaine encore, j'ai dû trouver un autre hébergement pour les jours qui arrivent car K. réintègre son domicile avec les enfants ce vendredi. C'est bon pour une semaine encore, et pas trop loin de l'école. Mais je dois de nouveau transporter mes sacs, balader mes enfants…

Je suis inquiète pour Jules, j'ai eu un mot de la maîtresse qui me demande un rendez-vous. Elle trouve que Jules ne suit pas trop en classe et elle a peur que ça se répercute sur les apprentissages du CP. Je redoutais ce mot, j'espérais ne jamais le lire. J'ai hâte de la rencontrer mais des mots pourront-ils rétablir la situation ?

Je fais en sorte que Jules et Orphée ressentent le moins possible notre pénible situation. Ils mangent à leur faim, ils sont bien habillés, ils ont quelques jouets qu'ils trimballent avec eux et le week-end on se divertit : musée, parc, goûter avec des amis, spectacles… Mais on ne peut rien leur cacher, ils voient bien que c'est compliqué.

mercredi 24 septembre 2008

Rue Lépine

Lorsque nous avons quitté notre appartement en janvier, C. et P. nous ont recueillis, moi et ma petite famille. C'était un dépannage qui devait durer quelques semaines, on est finalement restés 7 mois !

C'était pratique parce qu'ils habitaient à côté de chez nous, c'est-à-dire non loin de l'école de Jules et de la crèche d'Orphée. C'était bien aussi parce qu'ils ont eux-mêmes deux petits garçons de six et quatre ans, qui s'entendent très bien avec les miens.

P. et C. ont complètement réorganisé leur petit appartement pour nous. Le salon est devenu notre chambre, ils ont tout enlevé (bureau, ordinateur, chaises, étagères...) et aménagé pour que l'on s'y sente bien, pour que cette pièce soit vraiment à nous le temps de notre cohabitation. J'ai pu ranger les habits et ne pas les laisser dans une valise par exemple. Je ne m'attendais pas à un tel accueil, je pensais qu'on serait dans le salon mais le salon n'existait plus. Je dormais sur le clic-clac, Orphée avait son petit lit, Jules un matelas sous la table.

On a mis du temps à trouver nos marques dans ce nouveau lieu, à ne plus penser à nos affaires qu'on avait laissées à gauche à droite. Meubles, vaisselle, souvenirs, affaires personnelles, habits, livres, jouets, ont été entreposés dans différentes caves d'amis ou d'amis d'amis… Ils y sont encore.

Au début, Jules voulait toujours retourner dans son ancienne maison, il prétendait qu'il s'était habitué au bruit, que ce n'était pas grave, il voulait retrouver ses jouets… Pourtant, quand on habitait au dessus du bar, il se plaignait tous les soirs de ne pas pouvoir s'endormir. Pour les enfants de mes amis ce n’était pas facile non plus, il fallait qu’ils partagent leur espace. L’aîné, qui aime bien s’isoler, avait du mal à se retrouver seul et le plus jeune, les premiers jours, me disait à chaque fois que je rentrais : « oh ! Mais qu’est ce que tu fais là toi ? ». En revanche la présence de Jules et Orphée lui déplaisait moins… Mais heureusement ils ont vite pris goût à la vie en communauté.

On s'est installés tous ensemble comme une seule famille. L'appartement, qui n'était pas si grand, était très animé !

La cuisine est devenue le lieu de vie principal, même si on avait juste la place d'y manger, et encore pas tous ensemble. La salle de bain était prise d'assaut tous les matins. Le couloir était le lieu de toutes les courses et de toutes les batailles.

Dans l'immeuble il n'y a pas d'autres enfants, alors on était vite repérés lorsqu'ils sortaient en fanfare ou faisaient leurs petites crises dans les escaliers…

La vie à 7 demande une sacrée organisation quand les trois adultes travaillent et que les quatre enfants sont si petits. Chaque jour de la semaine il faut lever les enfants, les habiller, les faire déjeuner, les amener dans trois établissements différents, aller travailler, revenir les chercher à différents horaires, les amener à la capoeira, à la piscine, faire les courses, préparer à manger, leur donner le bain, les coucher, leur lire une histoire...

Le week-end on se retrouvait avec quatre fauves en cage, quatre garçons plein d'énergie et de malice pour qui il fallait inventer toutes sortes de jeux et de sorties.

Le soir, une fois les enfants couchés, la table desservie, la vaisselle faite, la cuisine rangée, on n'en menait pas large...certains soirs on laissait tout comme ça et on se couchait juste après les enfants…

On a vécu de bons moments tous ensemble et je remercie P. et C. de nous avoir hébergés si longtemps, d'avoir partagé si longtemps avec nous leur vie de famille, je sais bien que cela ne va pas de soi. Ils ont été si patients, si généreux, si attentifs… Peu de gens seraient prêts à faire ça. Il y a eu des moments difficiles mais ils ont pris le risque de les vivre pour nous aider et je leur en suis très reconnaissante.

mardi 23 septembre 2008

Annonces

*2 pièces 30 m². Proche mairie. Refait à neuf, meublé complet (réfrigérateur), tout confort, lumineux, traversant, cuisinette équipée, douche. Au 3e, sans ascenseur. Nombreux commerces à proximité. 3 mn métro (ligne 12 et 4). Libre à partir du 1/10. Caution demandée.

850 €/mois + 100 € charges.

*22 m², rez-de-chaussée sur cour, refait à neuf, 2 pièces avec parquet bois, cuisinette, salle d'eau carrelée (WC, douche, lavabo), 3 fenêtres. Cave. Immeuble avec digicode sur rue, interphone couloir, parties communes neuves. Références demandées.

730 €/mois provision charges comprise.

*RER, gare du Nord, Barbès. 2 pièces, meublé, 35 m², refait neuf, cuisine équipée (micro-ondes, lave-linge), entrée, wc, salle de bains, placards, porte blindée, bonne isolation, soleil. Personne seule soigneuse, de préférence non fumeuse. Références demandées..

880 €/mois charges comprises

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vendredi 19 septembre 2008

Nouveau déménagement

On doit rendre le studio dans le vingtième demain. Toute la semaine je me suis demandé où on allait bien pouvoir aller. C'est terriblement angoissant de ne jamais savoir à l'avance où l'on va dormir dans les jours et les semaines qui suivent. J'ai fait circuler l'adresse de ce blog et j'ai reçu pas mal de lettres de soutien, des conseils et des encouragements (MERCI à tous et à toutes !) Nos déboires ne semblent pas être arrivés jusqu'aux oreilles de la Mairie, cependant : cela fait deux semaines et nous sommes toujours sans nouvelles du député-maire de l'arrondissement. Après tout on est encore vivants, c'est donc sans doute que notre cas n'est pas si urgent...

Je sens bien pourtant que la précarité de notre situation perturbe les enfants. Orphée est d'habitude un enfant plutôt joyeux, bon mangeur, grand joueur… Mais en ce moment, il pleure beaucoup, il ne mange pas très bien et répète sans cesse : « Câlin maman ». Quand je le dépose à la crèche il pleure, alors qu'avant il me disait au revoir en faisant le clown. Je ne sais pas bien si c'est le fait de ne plus avoir de maison ou s'il ressent mon stress… Pour Jules ce n'est pas évident non plus, mais à l'école, pour l'instant, il suit. En fait, j'ai l'impression que tous les deux reportent leur angoisse entièrement sur moi... J'essaye d'être patiente, mais il est vrai que parfois, avec la fatigue, cela devient explosif.

Finalement, hier matin, alors que j'allais au travail, j'ai reçu une offre très généreuse d'une maman de l'école qui nous laisse son appartement pendant une semaine. Elle a la garde partagée de ses enfants et cette semaine, comme ils ne sont pas là, elle me propose de nous laisser les clés pendant qu'elle va squatter chez une amie !

C'est une proposition incroyable, l'appartement est tout près de l'école et de la crèche, on va pouvoir se reposer un peu !

Jules commençait à être fatigué des horaires et de monter la rue de Belleville tous les soirs à pieds. J'ai récupéré mon vélo car c'est plus rapide que le métro, mais la rue de Belleville dans le sens de la montée avec nous trois sur le vélo plus les sacs, je n'y arrive pas !

Il se trouve que dans la rue où on était hébergés, juste en face, habite la première maîtresse de Jules (petite section de maternelle) : c'était rigolo de se rencontrer là. Un matin, alors que nous partions en même temps pour l'école (elle en scooter, nous à vélo), nous avons "fait la course" jusqu'à Jaurès. Ça a bien fait rire Jules, même si ensuite elle nous a semés…

J'aime ces petits moments…

Un autre soir, alors qu'on rentrait tous les trois, chargés comme des mules sur le vélo, une jeune femme sur le bord de la route accompagnée de son enfant nous a regardés avec stupéfaction ou admiration et lorsque nous l'avons dépassée, elle m'a crié : « Bravo ! Bon courage… ! » . Ce soir là, tout au long du chemin, j'avais des commentaires et des encouragements de passants, c'était bien agréable.

dimanche 14 septembre 2008

Oui j'avais un appartement, oui je l'ai quitté

On me demande souvent pourquoi j'ai quitté le dernier appartement que j'avais. Car oui j'avais un appartement, et oui je l'ai quitté.

J'habitais en colocation depuis 2004 dans un trois pièces de 50 m2.

Je partageais ma chambre avec mes enfants ; faute de place, mon fils aîné dormait avec moi. On habitait rue Doudeauville, au-dessus d'un bar dont les patrons ne prennent jamais de vacances. Le bar est ouvert 7/7 jours de 7 h à 2 h du matin sans interruption.

Comme c'est un petit boui-boui, jamais rien n'a été fait pour isoler le son et ne pas déranger les voisins les plus proches. C'est-à-dire nous, puisque nos chambres étaient juste au-dessus. On entendait tout, j'arrivais même parfois à suivre les conversations depuis mon lit ! Les personnes côtoyant ce bar aimaient bien picoler et se mettaient à parler de plus en fort jusqu'à finalement crier. Ils aimaient aussi mettre de la musique et danser.

La dernière année, ils ont décidé de proposer aux clients des grillades. Il devait y avoir un problème avec la hotte aspirante car notre appartement se retrouvait tous les jours enfumé à tel point que je devais ouvrir toutes les fenêtres, même celle de la chambre où les enfants dormaient déjà. C'était l'hiver.

Et je ne parle pas des cafards et des souris… Ni des propriétaires moins que conciliants, sinon cyniques, ou juste vénaux, qui nous ont laissé des années avec un volet qui ne s'ouvrait pas, une porte qui ne fermait plus à clé, puis qui ne fermait plus du tout (et appeler un serrurier à 20 h la veille d'un week-end, ça fait mal)…

Le tout pour un modeste loyer de 950 euros.

Alors quand ma colocataire est partie, je ne pouvais plus payer une telle somme.Nous sommes partis. Je pensais naïvement pouvoir trouver mieux mais voilà, cela fait huit mois que je cherche en vain.

Oui, j'avais un appartement, et oui je l'ai quitté.

vendredi 12 septembre 2008

"Tout pour moi"

J'essaie de frapper à toutes les portes, ma situation relève de l'urgence, je ne dois et ne peux pas attendre. C'est maintenant que j'ai besoin d'un logement.

A la rentrée de Jules, j'ai demandé à prendre rendez-vous avec l'assistante sociale de l'école.

Donc cette semaine, je suis allée à mon rdv. Ce n'est pas facile d'exposer à chaque fois ses problèmes mais j'ai décidé de ne pas en avoir honte et d'en parler à un maximum de personnes autour de moi (école, crèche, travail, amis, commerçants…) : On ne sait jamais, j'ai des amis qui ont obtenu un logement social grâce à leur coiffeur, qui apparemment avait ses entrées à la mairie !

Donc me voilà face à l'A.S, elle me demande pourquoi je suis là, je lui explique. Après un long entretien, elle me regarde pensive et me lâche : « En fait vous allez très bien, vous avez tout pour vous, il ne vous manque qu'un logement…. ».

Sans blague…

Eh oui, beaucoup de gens sont étonnés de me voir non stressée, bien habillée, propre sur moi, souriante… Mais je mène ma barque comme je peux, j'ai deux enfants et pour eux je ne dois pas chavirer. Ce n'est pas parce que je ne le montre pas que je n'ai pas d'angoisse, évidemment que je suis pressée que ça finisse, mais à quoi bon se lamenter.

Je suis sans domicile fixe, pas clocharde.

PS : Une semaine et toujours sans nouvelles du député-maire de l'arrondissement…

mardi 9 septembre 2008

Promesses

Il y a quelques jours, un matin, alors que j'embrasse Jules devant le perron de l'école, j'aperçois le Maire de l'arrondissement à l'intérieur en train de discuter avec la directrice.... Mon sang ne fait qu'un tour, je me précipite sur lui, j'interromps la conversation et je lui demande un entretien qu'il accepte. Je lui expose ma situation, il dit qu'il comprend mais bien sûr il ne manque pas de me dire que le logement à Paris est un sujet difficile, beaucoup de dossiers, peu de logements… "Une politique du logement exemplaire avec une commission d'attribution transparente"…

Ce n'est pas assez pour me décourager : il m'a vue, il peut enfin mettre un visage sur mon nom. Son adjoint a pris mes coordonnées, il m'assure qu'il va me rappeler. Je le remercie et repars, pleine d'entrain, prête à affronter les difficultés. Le week-end est passé, nous sommes mardi et je n'ai toujours pas reçu son appel. Je lui avais proposé de lui laisser le double de la lettre que je lui avais posté dans la semaine. J'ai retourné mon sac dix fois devant lui mais dans la panique je ne l'ai pas trouvé. Il m'a rassuré, il a mes coordonnées, ils vont retrouver mon dossier et me tenir au courant… C'est ce que nous allons voir...

dimanche 7 septembre 2008

Première semaine d'errance

J'ai le ventre noué, j'ai du mal à gérer mon stress. Le soir on rentre tard, je fais le minimum pour mes enfants, je n'ai pas la tête ni le temps de jouer.

Jules se réveille un matin et me demande : « Maman, où je suis ? » Nouveau lieu, nouvelle école, il vient de faire sa rentrée en CP.

Cette semaine j'ai réussi à dégoter un studio de 20m2 pour quelques jours. J'ai installé les enfants dans le canapé-lit et je me suis acheté un matelas gonflable que je pourrais trimballer avec moi. L'appartement se situe à deux arrondissements de l'école et de la crèche, alors le matin on doit être sortis avant huit heures pour ne pas arriver en retard. Marcher, prendre le métro, marcher de nouveau avant de croiser enfin les camarades sur la route de l'école. Notre oxygène du matin, c'est de descendre le parc de Belleville et de voir lentement disparaître la tour Eiffel sous nos yeux.

J'ai peur que cette situation s'éternise, peur de m'enliser, peur de la précarité. Bien qu'ayant un pied dedans je n'arrive pas à l'accepter, je fais l'aveugle, je garde la tête haute, combien de temps encore ?

samedi 6 septembre 2008

Présentation

Je vis seule avec deux enfants de 2 et 6 ans et je suis sans logement depuis plus de sept mois. J'attends depuis quatre ans un logement social de la mairie de Paris qui ne semble jamais vouloir venir. J'ai dû quitter l'appartement que nous occupions en janvier dernier. Depuis, nous avons habité chez des amis et depuis huit jours je trimballe mes enfants de logements d'urgence en appartements de secours.

Cela fait plusieurs mois que je cherche un logement dans le parc locatif privé, sans succès. Je travaille dans une bibliothèque universitaire et je dois passer les concours de la fonction publique en mars 2009. Mais comme je suis mère célibataire et que je travaille à mi-temps, les propriétaires ne veulent pas prendre de risques.

J'ai décidé d'écrire chaque semaine où j'en suis, un petit journal de bord pour moi-même mais aussi pour que tout le monde comprenne ce que ça veut dire concrètement, d'être sans logement aujourd'hui à Paris.

Qui êtes-vous ?