jeudi 25 décembre 2008

La semaine dernière est arrivée de Londres une amie de Anne et Jérôme, le couple qui nous sous-loue l'appartement. Elle avait besoin d'un hébergement temporaire, et donc nous avons cohabité cette semaine.

Jules était impatient de voir cette nouvelle personne et n'arrivait pas à s'endormir. Dès qu'il a entendu frapper à la porte, il s'est levé pour aller dire bonjour. Nous croisons tant de nouvelles personnes tout le temps, mais cela n'effraie pas du tout les enfants. J'aimerais que notre situation leur apprenne la solidarité, le partage, la gratitude. Même s'ils sont encore très petits et même si je les protège du mieux que je le peux face à notre situation, j'aimerais qu'ils prennent conscience que la vie n'est pas facile et que rien n'est donné d'avance.

Cette expérience nous aura fait rencontrer des personnes formidables et vivre des choses inoubliables. Cette année a été à la fois difficile et incroyable. Je ne peux oublier toute l'aide que m'ont apportée mes amis et ma famille, mais aussi des gens que je ne connaissais pas du tout avant le blog et l'article dans le Monde. J'ai rencontré des gens formidables qui nous ont hébergés ou apporté leur soutien d'une manière ou d'une autre. Et puis des rencontres qui se font par hasard, comme avec Stéph qui ne connaissait rien à notre histoire.

Notre cohabitation s'est très bien passée. Je lui ai laissé la chambre du bas car nous nous levons tôt tous les jours et les enfants sont assez bruyants. Elle est photographe et travaille avec des artistes dans la musique. Elle est venue en France accompagner Charlie Winston, un artiste qui devrait percer en France d'ici peu de temps. Il vient souvent à la maison et comme il y a un piano, on a eu la chance d'avoir un petit concert rien que pour nous. Tous ces moments sont inoubliables pour les enfants.

Nous sommes posés dans ce logement depuis un mois, cela nous a fait du bien de pouvoir rester quelque temps au même endroit, on a pu profiter de nos week-ends sans avoir à déménager. En ce moment, nous passons quelques jours de vacances chez ma mère dans le Sud-Ouest, cela fait du bien aussi de pouvoir se reposer vraiment. Mais je commence à m'angoisser, car je ne sais pas encore où nous irons à la rentrée.

Je vous souhaite un joyeux Noël et d'excellentes fêtes à tous, je pense en particulier aux personnes qui m'ont écrit pour me raconter leur vie dans des conditions très dures. Je souhaite fort que leur vie devienne plus facile. Pour les années à venir, je voudrais que de vraies solutions soient mises en place pour le logement. Sans jugement ni charité, juste parce qu'avoir un toit est un droit primordial.

Une pensée spéciale aussi pour Benoît, Virginie et Timothée.


lundi 8 décembre 2008

Nous avons un nouveau gîte depuis presque deux semaines. Pour déménager, j'ai emprunté une voiture et pendant que les enfants mangeaient avec Emmanuelle j'ai transbahuté toutes nos affaires. Ensuite, le plus tôt possible pour avoir le temps de nous familiariser avec notre nouvelle maison, je suis revenue chercher les enfants. Nous sommes repartis tous les trois sur notre fidèle vélo et j'ai fait la visite à Jules et Orphée.

C'est en fait une ancienne boutique qui donne directement sur la rue. C'est assez rustique mais plaisant malgré l'humidité et le froid qui passent à travers les murs. Ça me rappelle ma maison d'enfance qui était toujours en travaux : le sol de la pièce principale est en béton tout fêlé, la cuisine est carrelée de tommettes, les murs sont recouverts de dessins d'enfants et d'étagères avec des livres empilés, il y a un piano droit, une vieille voiture de course à pédale pour enfants. C'est simple, on s'y sent bien. Le rideau de la boutique est en bois et pour l'ouvrir il faut faire tourner la vieille manivelle avec tout son corps. Il y a une pièce principale avec dans l'arrière-boutique une cuisine, une salle de bains, et une toute petite chambre qui contient juste des lits superposés pour les enfants. Il n'y a pas vraiment de séparation entre ces pièces et je crois que c'est rassurant pour Jules et Orphée. Quand ils s'endorment, je suis dans la pièce juste à côté, ils m'entendent ranger et la lumière qui pénètre dans leur chambre les apaise tout doucement… Dans la cave au sous-sol se trouve la chambre où je dors. Pour y descendre il faut prendre un escalier en bois très à pic, l'accès est protégé pour les enfants. Il n'y a pas de fenêtre, juste un puits de jour sur la rue et un trou grillagé qui donne sur la pièce principale. Je pensais me sentir oppressée mais en fait pas du tout, la pièce est assez volumineuse, toute blanche et simple. Sur la longueur d'un mur se trouve des placards avec des portes coulissantes bancales. Et tout au fond des placards, avec Jules nous avons découvert une porte secrète !...

Les aléas de tout ces changements, c'est que l'on ne connait pas bien les maisons et les habitudes des propriétaires et de petits accidents peuvent parfois se produire...

Peu après avoir couché les enfants samedi soir, j'étais dans la pièce à côté quand tout d'un coup j'ai entendu un grand bruit : j'ai tout de suite compris que c'était Jules qui était tombé. Ce sont des lits superposés qu'ils ont bricolés et en haut, il n'y a pas de barrière de sécurité... J'ai eu tellement peur, cela fait quand même près de 1m60 de haut ! Heureusement il y avait quelques coussins par terre... Je me suis précipitée, j'ai pris Jules dans mes bras et je l'ai installé sur le canapé, mais il s'est rendormi tout de suite. J'étais tellement inquiète que j'ai entrepris de lui poser toutes sortes de questions pour voir s'il n'avait pas perdu conscience et s'il avait toute sa lucidité : « Tu t'appelles comment ? », « Tu as quel âge ? », « Qui est ton frère ?»... Tout en dormant, il a répondu très normalement à mon interrogatoire absurde, ce qui m'a un peu rassurée. Le lendemain au réveil il se demandait ce qu'il faisait sur le canapé, il avait tout oublié ! Quand Jules dort, rien ne peut le tirer du sommeil. Au petit déjeuner, je lui ai quand même reposé des questions pour m'assurer que tout allait bien, et ce qui est sûr c'est qu'il n'a oublié aucun nom de dinosaures ou autres animaux préhistoriques, même pas le Dunkleosteus qui, si vous l'ignoriez, "est un énorme poisson presque aussi méchant que le Mégalodon !"

On a finalement trouvé une planche toute fine et flexible qui fait exactement la longueur du lit, cela doit être ce qui normalement fait office de barrière de sécurité. On l'a installée et pour en vérifier la solidité, Jules est monté dans le lit et l'a poussée d'un coup de tout son corps comme s'il voulait passer au travers. Ça va, ça a l'air solide, la planche le renvoyait en arrière comme un trampoline, à son grand amusement. La nuit suivante, il n'a pas eu la moindre appréhension au moment de grimper dans son lit.

Par contre j'ai l'impression que Orphée ne se sent pas à l'aise ici, il ne dort pas bien et hier il ne voulait pas rentrer dans la maison. Souvent la nuit il se réveille et je dois monter le chercher pour le prendre avec moi dans le grand lit au sous-sol. Je pensais pourtant qu'il avait complètement assimilé notre mode de vie. Il avait seulement un an et demi lorsqu'on a quitté notre appartement, il était trop petit pour se souvenir de cette période. J'imagine que ça doit lui sembler normal de changer régulièrement de maison. Ce n'est pas comme Jules qui souvent se souvient de sa chambre et regrette les jouets qui depuis si longtemps sont dans des cartons… Je vais néanmoins pouvoir récupérer bientôt son vélo qu'on avait laissé en haut de Belleville, car ici nous avons la possibilité de le rentrer et de le ranger facilement. J'ai amené le mien à réparer samedi dernier car cela fait plus d'un an que je l'ai et il fallait faire une petite révision, on roule quand même à trois dessus ! Je l'ai récupéré hier en meilleur état, c'est plus sûr et plus agréable. Comme on n'habite pas très loin de l'école on pouvait s'en passer ces jours-ci, mais vu qu'en janvier je ne sais pas encore où nous serons, il vaut mieux prendre toutes nos précautions !

C'est bientôt les fêtes et à la demande de Jules j'ai acheté quelques décorations de Noël mais j'avoue que je n'ai pas la tête à ça. Après tout ce bruit sur mon blog les choses passent et je n'ai toujours aucune piste pour un logement fixe, aucun signe de la mairie à part une lettre de M. Vaillant m'expliquant un ultime signalement au préfet de Paris. Nous descendons sur Bordeaux pour les fêtes, je ne nous voyais pas rester à Paris, les enfants ont besoin de changer d'air et d'être chouchoutés par leur grands-parents. Mais je reste optimiste et confiante, 2009 sera une bonne année pour nous.

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