samedi 26 décembre 2009

Pour tous ceux qui passent encore par ici, je voudrais souhaiter un joyeux Noël et une très bonne année 2010 ! Cela fait longtemps que je n'ai pas donné de nouvelles et je m'en excuse, mais c'est vrai que maintenant que tout va bien pour nous, il n'y a plus grand chose à raconter ! Nous avons passé les premiers mois dans notre appartement à tout emménager, il ne reste que de petites bricoles à faire, mes amis ont été épatés de ma rapidité. Il n'y a plus aucun carton, tout est en place, c'est convivial et chaleureux. Je me suis efforcée d'occuper les lieux du mieux que j'ai pu : disposer et redisposer les meubles, accrocher des étagères, pendre des rideaux aux fenêtres, mettre des guirlandes au mur, des dessins et des affiches, quelques plantes vertes ici ou là, de vieilles bouteilles vides héritées de mon grand-père. Progressivement, notre maison s'est vue habitée par les esprits du foyer ! Les premières semaines, lorsque les enfants étaient couchés, je restais en contemplation, plantée au milieu du salon à regarder notre chez-nous, je n'en revenais pas. Tout me paraissait incroyable, trop beau, trop paisible. Maintenant on se sent vraiment chez nous. On peut quitter l'appartement et le retrouver au grè de nos envies, sans l'angoisse de me demander où nous irons après, nous savons qu'à notre retour tout sera là. J'ai fait vite pour pouvoir passer à autre chose : après un an et demi à avoir passé tout mon temps à chercher des endroits où vivre, maintenant je suis libre de partir et de revenir comme bon me semble, sans plus me préoccuper de la maison. Ma grosse valise rouge est dans ma chambre, bien rangée, elle n'a plus bougé depuis le mois de juillet.

Récemment mon frère a reçu l'appel d'une personne en plein désarroi concernant la situation d'une de ses amies qui s'est retrouvée sans logement avec deux grands adolescents. Aujourd'hui, j'ai aussi reçu un mail d'une personne s'inquiétant pour une amie qu'elle héberge avec sa petite fille de trois ans. Cela m'attriste, car je comprends bien leur situation pour l'avoir vécue, mais je ne suis pas à même de leur trouver des solutions. Je me sens totalement dépourvue. Je n'ai pas de formule toute faite. Notre histoire est particulière, il y a eu un tel engouement autour du blog, cela a peut-être contribué à accélérer mon dossier HLM. Mais si c'est grâce à cela, je ne suis pas sûre que cela pourrait marcher à chaque fois... C'est pourquoi il faut continuer à se mobiliser pour les mal-logés, pour l'application de la loi sur les réquisitions, et pour qu'il y ait davantage de logements (vraiment) sociaux à Paris.

En ce moment et pour un temps indéterminé, nous hébergeons une amie qui a dû quitter son appartement et qui cherche un studio. Elle avait peur que les enfants soient perturbés par sa venue... Au contraire, ils se sont très vite adaptés à cette situation, et Jules est plutôt fier d'inverser les rôles et de pouvoir aider quelqu'un. D'ailleurs, à chaque fois que ses copains viennent à la maison, il est ravi de pouvoir les accueillir dans sa chambre ; lui qui a vécu un an et demi parmi les affaires et les jouets des autres, il peut maintenant partager les siens.

Ce post est vraiment le dernier, je n'écrirai plus sur ce blog. Il avait été créé pour informer l'opinion de la réalité des mal-logés en racontant notre quotidien de famille sans logement à Paris. Maintenant que notre vie est redevenue normale, il n'a plus de raison d'être. Notre quotidien est redevenu celui de tout le monde, ni plus ni moins intéressant. Nous tournons une page. Je tiens à remercier tous les lecteurs une dernière fois pour votre soutien. Au plus profond de moi, je sais que cette épreuve a été supportable grâce à ce blog et grâce à vous. Je ne l'oublierai jamais.

jeudi 24 septembre 2009

J’ai eu les clés de l’appartement le 28 juillet. Le jour même, nous avons déménagé les affaires des trois lieux où elles étaient entreposées depuis janvier 2008 : une cave dans le 11ème, un garage dans le 18ème, et le salon de mes amis P. et C. Nous étions sept, alors en une grosse matinée, nous avons tout déménagé. J’étais complètement euphorique et tout s‘est déroulé dans la bonne humeur. Puis nous avons déjeuné tous ensemble dans l’appartement au milieu des cartons. Le temps que j’aille chercher des brochettes grillées avec Madiop et mon frère, mes amis avaient retrouvé la vaisselle et mis la table. Ils avaient aussi installé un peu partout de petits bibelots qui donnaient déjà de la vie à l'appartement et m'ont fait tout de suite sentir chez moi.

J’avais quatre jours devant moi avant de rejoindre les enfants dans le sud pour quinze jours de vacances. Mais pendant ces quelques jours, je n’ai quasiment rien fait. J’étais plantée là à contempler les cartons et je me disais "Tiens, il faut que je fasse ça", "Tiens il y aussi ça", mais je n'étais d’aucune efficacité… Je n'y dormais pas encore, je n’avais pas de frigo, pas de cuisinière, pas d’eau chaude, pas de rideaux… Mais surtout j’étais comme dans un rêve, je n’arrivais pas encore à y croire.

Pendant les vacances, nous nous sommes bien reposés avec les enfants. Nous étions chez une amie qui habite à Bayonne et nous sommes allés à la plage tous les jours, j’avais vraiment besoin de voir l’océan. Les enfants se sont beaucoup amusés quand la mer le permettait et qu’il n’y avait pas trop de vagues ni de baïnes. Puis nous avons passé quelques jours chez mes parents où nous étions en famille. Mais je n’avais qu’une idée en tête : être de retour à Paris pour tout mettre en place avant que les enfants ne reviennent : je faisais des listes et des plans, je commandais tout ce que je pouvais sur internet pour gagner du temps. Le 15 août, je suis retournée seule à Paris pour continuer à aménager l'appartement. Les enfants restaient encore une semaine avec ma mère, il fallait absolument que la maison soit habitable à leur retour.

Je me suis remise à la tâche, mais il m'a fallu encore quatre jours pour enfin me décider à y dormir. Je restais toute la journée dans l’appartement à travailler, et quand arrivait le soir je fermais la porte et allais squatter chez des amis qui étaient absents… Tout le monde me charriait, chaque jour on me demandait si enfin j'avais dormi dans mon appartement… Je n’arrive pas à l’expliquer, mais il m’a fallu un temps pour me faire à l'idée que j'avais un chez-moi. Enfin un beau jour, je me suis sentie prête et j'ai dormi dans ma chambre. Maintenant je n’envisage plus du tout de passer la nuit ailleurs !

C'est vraiment un très bel appartement. Il n’a rien de ce qu'on imagine d'un HLM, à part le montant du loyer. C'est dans un immeuble ancien qui a été entièrement rénové. Tout a été refait avec goût : l’agencement est intelligent, les murs sont peints de trois couleurs différentes, et il y a plein de petits détails comme des bancs en bois brut sous les fenêtres, des petites tablettes dans les recoins de la cuisine, des motifs peint dans la faïence des carreaux de la cheminée... Tout à fait bourgeois ! Une amie qui nous a rendu visite m’a même surnommée « La bourge de Château Rouge » !

Je me suis fait plaisir en investissant dans de beaux lits pour les enfants, un frigo, une cuisinière, des rideaux, plein de petites choses. Camille a une fois de plus été très généreuse, elle nous a offert des meubles très utiles : un canapé rouge, deux matelas pour les enfants, un futon pour moi. J'ai aussi hérité d'une table et de cinq chaises de mon grand-père. Nous avons à peu près tout ce qu'il nous faut pour vivre normalement. Je veux que ma maison soit belle et agréable, mais maintenant je sais que si demain je perdais tout ce ne serait pas la fin du monde. Je n’avais pas cette distance avant, je suis contente de l’avoir maintenant. Je pense que les enfants, même s’ils sont encore petits, ont pris conscience de cela aussi, et j'espère que ça pourra les aider plus tard à relativiser les revers de fortune...

Jules et Orphée sont arrivés avec leur grand-mère quelques jours avant la rentrée. J’étais impatiente de voir leurs têtes ! Je leur ai laissé deviner quel immeuble nous habitions, quel étage, quelle porte… Ils étaient super excités. Quand j’ai ouvert la porte, ils se sont précipités à l'intérieur et ont trouvé aussitôt leur chambre. C’était la seule pièce vraiment aménagée de toute la maison : il y avait là leurs nouveaux lits superposés qui faisaient tant rêver Jules, des rideaux aux fenêtres, des tapis de couleur... Et surtout leurs livres et leurs jouets, qui attendaient depuis un an et demi d'être sortis de la cave où ils dormaient.... Une vraie ambiance de chambre d’enfant comme ils n'en ont jamais eue, puisque pendant un an et demi nous avons habité chez les autres, et avant nous partagions la même chambre. C’était vraiment important pour moi que cette pièce soit prête à leur retour, je voulais qu’ils soient heureux en la découvrant. Et de fait, ils s'y sont plongés comme dans une caverne d'Ali Baba.

Au bout d’un long moment, Jules a pointé son nez dans la cuisine pour me demander où étaient les toilettes. Il s'est rendu compte qu'il ne connaissait pas encore les lieux. Alors avec son frère, ils ont joué à deviner où se trouvaient d'abord les toilettes, puis ma chambre, c'était comme un jeu de piste avec des "chaud !", "froid !", les enfants s'amusaient à ouvrir les placards et à retarder le moment où ils auraient tout vu (l'appartement est assez grand, mais on en a vite fait le tour !)

Puis, comme nous sommes dans un quartier à petits commerces, et aussi pour marquer cette nouvelle étape dans sa vie, j’ai proposé à Jules de descendre acheter du riz chez l'épicier, juste en face de chez nous. Il a sept ans, et c'était la première fois qu'il sortait tout seul dans la rue. Il avait un peu peur mais il était tellement fier ! On l'a accompagné depuis la fenêtre, il était très prudent pour traverser la rue et en sortant de la boutique, il nous a adressé un large sourire en brandissant le paquet de riz, il avait réussi sa mission.

Pour leur première nuit dans leur nouvelle maison, je me suis installée sur un matelas par terre dans leur chambre, je voulais être près d’eux. Jules a mis du temps à s'endormir. Orphée au contraire s’est endormi très facilement, mais dans la nuit il s’est réveillé plusieurs fois et j’ai fini par le prendre avec moi. Le matin, il s’est mis à genoux à côté de moi et a demandé : « On est dans la maison de qui ? ». Et quand je lui ai répondu que c’était notre maison, il a eu un grand sourire ravi.

Les jours suivants, on a continué à emménager. C’est un peu tous les jours Noël à la maison, car il y a encore des cartons à défaire, et nous découvrons chaque jour de nouveaux objets, livres, jouets, dont nous avions complètement oublié l’existence, c’est un vrai plaisir ! Il y a des choses dont je ne comprends même pas pourquoi j’avais pris la peine de les emballer et de les ranger dans la cave...

(Il y a aussi des affaires qui ont disparu pour diverses raisons. Par exemple lors de notre déménagement en janvier 2008, où il nous était arrivé cette petite anecdote : après avoir sortis le plus gros de l’appartement, nous avions mis les quelques affaires que je voulais garder avec moi chez P. et C. dans des sacs-poubelles. Nous avions fini tard dans la soirée, et tout entreposé dans le couloir, les cartons, les bagages et un sac-poubelle avec d'autres affaires. Le lendemain, lorsque je suis rentrée le soir, j’ai voulu ranger et là, surprise, il manquait le sac -poubelle : c'était ma mère qui voulant bien faire l'avait descendu dans le local… poubelle. Il était trop tard, les éboueurs étaient déjà passés !)

Et puis il y a eu la rentrée des classes. C'est la première année en maternelle d'Orphée, et ça s’est très bien passé. Ses deux années en crèche parentale lui ont beaucoup appris sur la vie en communauté. Fréquenter beaucoup de parents et de personnes différentes aide les enfants à se sociabiliser plus facilement, je pense. De plus, deux copains de la crèche sont dans la même classe que lui. C’est très agréable aussi, pour nous les parents, de nous retrouver. Il est dans l’école que fréquentait son frère avant de rentrer en primaire. Jules quant à lui est maintenant en CE1. On n'a pas changé d'école. Il faut dix minutes pour y aller en marchant tranquillement, ça va. Je souhaitais qu’ils aillent dans des écoles qu’ils connaissent, avec leurs copains, pour ne pas tout bouleverser en même temps. J’ai envie que cette année soit tranquille.

De manière générale, les enfants se sont vite familiarisés à leur maison, ils ont complètement assimilé cette nouvelle situation. C'est vrai qu'ils ont l'habitude de changer d'environnements, ils savent bien s'adapter... Jules disait parfois qu'il voulait continuer à vivre en "bohémiens", il aimait aller d'appartement en appartement, découvrir de nouveaux lieux, de nouveaux jouets, de nouveaux copains et copines, il avait peur d'être en manque de ce mouvement. Je crois que maintenant il a complètement changé d'avis ! Pour l'instant en tout cas ! C'est difficile d'exprimer le bonheur que nous ressentons tous les trois d'avoir définitivement fini notre errance et posé nos valises. Je n'oublie pas que c'est en grande partie grâce à ce blog, grâce à tous ceux qui nous ont aidés, hébergés, encouragés que nous avons tenu le coup et que nous arrivons aujourd'hui au bout de cette histoire.

Bien sûr je n'oublie pas tous ceux qui n'ont pas eu la chance que nous avons et qui restent sans logement. Il y a tellement de familles à Paris qui vivent dans des conditions déplorables, sans logement fixe, parfois depuis très longtemps, parfois presque sans revenus, ou sans papiers... Je voudrais que la mobilisation qui a fonctionné pour moi fonctionne aussi pour eux, il y a encore beaucoup à faire !

Ce post est probablement l'un des derniers... J'ai commencé ce blog pour raconter notre vie à Paris sans logement, il n'a plus de raison d'être maintenant que nous sommes arrivés à bon port. Je voudrais remercier une nouvelle fois toutes celles et tous ceux qui en ont suivi les hauts et les bas depuis plus d’un an, et en particulier ceux qui m'ont écrit et soutenu. Pour fêter ensemble la clôture du blog et l'heureuse résolution de notre aventure, je voudrais vous inviter à notre pendaison de crémaillère, le 10 octobre. Ecrivez-moi si vous pouvez venir, je vous donnerai toutes les coordonnées ! Je vous embrasse tous. Julie.

dimanche 26 juillet 2009

Cela fait quelques mois que je n’ai plus beaucoup donné de mes nouvelles concernant mes démarches de recherche d’appartement. Pourtant, il s’est passé bien des choses. Si je n’en ai pas parlé publiquement au jour le jour, c'est que j’avais peur que cela empêche les événements de se concrétiser. Je ne sais pas si c'est par superstition ou si mes craintes étaient fondées mais voilà, j'ai attendu le jour où j'aurai des réponses sûres pour tout vous raconter. Et voilà que ce jour est arrivé.

Un jour de la fin du mois de mars, alors que j’attendais un conseiller immobilier pour visiter un appartement vers Porte de la Chapelle, je reçus un coup de téléphone. C’était l'adjoint au maire au logement du 18ème arrondissement. Je ne compris pas tout de suite pourquoi il m’appelait. Il me rappela les difficultés de la mairie concernant le logement ; je lui dis que j’avais vu beaucoup nouveaux logements sociaux dans le quartier ; il m’expliqua que ces logements étaient déjà attribués depuis plus d’un an et que les futurs locataires attendaient que les logements soient livrés. À ces mots j’ai eu très peur. Cela voulait donc dire que si je passais en commission, je n’aurais pas de logement avant un an ? Non, il me dit que notre cas était différent, que l’on était un cas d’urgence et que notre dossier était déjà passé en commission… À ce moment-là, je ne sais plus si mon cœur s’est arrêté de battre un instant ou s’est accéléré mais je suis restée sans voix. Ce que j'attendais depuis si longtemps était donc arrivé ? Notre dossier était passé en commission ? Je ne savais plus quoi dire et je n’ai pas eu la présence d’esprit de poser des questions. Je lui ai quand même demandé s'il savait dans combien de temps nous pourrions avoir un appartement mais il ne pouvait pas me le dire, ça prendrait quelques mois, mais ce serait rapide… Lorsque j'ai raccroché, la personne que j’attendais pour visiter arriva. Je n’avais plus vraiment la tête à visiter, je restais très évasive aux questions qu’il me posait. L’appartement était beau, bien agencé, mais dans ma tête j'étais déjà ailleurs, je me mis à observer des détails de décoration, j'étais déjà en train de les projeter dans notre futur chez-nous. Je n’avais qu’une hâte: appeler mes amis proches, mon frère et ma mère pour leur annoncer la nouvelle.

Lorsque ma mère décrocha, je n’ai pas pu lui annoncer tout de suite. J’étais trop émue, je pleurais et ne pouvais plus parler, elle attendit patiemment que je puisse enfin lui dire l'objet de mon appel. Il fallait que je prévienne Camille aussi, car cela bouleversait toute nos plans. Avant de décider d’arrêter nos recherches une bonne fois pour toutes, elle a tenu à appeler la mairie pour demander plus de précisions concernant le temps que ça allait prendre et avoir le plus de garanties possibles.

Je n’en ai parlé qu’à mes proches car c’était encore trop vague. J'avais eu tant de déconvenues dans le passé que je n'ai pas voulu me réjouir trop vite. Après tout, ce n’était qu’un coup de fil, je n’avais aucune information concrète, aucun document officiel qui me permettait de crier sur les toits la bonne nouvelle. De fait j’étais sur mes gardes surtout que pendant ce temps, on continuait à galérer. Nous étions à l’époque chez Florie, il fallait toujours que je trouve des solutions d’urgence, j’étais en même temps tiraillée par le stress quotidien et tenue par l'idée que la fin de la galère approchait. Mais après ce premier coup de fil, le silence s’est fait long.

Deux (longs) mois plus tard, je reçus un autre coup de fil. C’était de nouveau l’adjoint au maire. Cette fois, il m’annonça clairement qu’un appartement nous était attribué, un trois pièces dans un immeuble ancien totalement réhabilité au métro Château rouge, dans le quartier populaire de la Goutte d’or. Mais notre dossier devait encore passer devant la commission de notre bailleur. D'après lui, ce ne serait qu’une formalité et mi-juin nous pourrions certainement emménager. Il fallait que je surveille bien mon courrier pour renvoyer mon dossier en temps et en heure. Comme son numéro de portable était affiché, je l’enregistrai, je me dis que ça pouvait être utile.

Là encore, je pris le parti de rester prudente et de ne pas crier victoire trop tôt. Et en effet, plus d’un mois après, je n'avais toujours pas de nouvelles ! Je décidai de l’appeler. Mon dossier s’était perdu, la commission était reportée à début juillet. Mais apparemment, il était toujours question du même logement. Comme j’étais inquiète et que lui posais des quantités de questions, il se proposa d’appeler l’organisme des HLM pour avoir plus de renseignements. Finalement, c’est eux qui me rappelèrent le jour même. J’allais recevoir le dossier et il fallait que je le renvoie au plus vite, car ils n’attendraient pas la rentrée de septembre pour nous attribuer le logement. Ça tombait bien, moi non plus !

Chaque jour j'attendais le courrier avec impatience, mais rien. Je n'arrivais pas à être tranquille, je voulais une confirmation officielle. Puis enfin il arriva. Il avait été envoyé il y a cinq jours déjà et il fallait que je le renvoie sous huit jours. C’était mercredi, je devais attendre le lendemain pour demander des certificats à l’école de Jules et à mon travail (et ces certificats tout bêtes, ça a été toute une odyssée pour les obtenir, je vous passe les détails...). Le lendemain matin, une dame de l’organisme m’appelait, ils attendaient mon dossier, il fallait que je me dépêche de le renvoyer. Ils avaient déjà reçu un dossier, il ne manquait plus que le mien et un autre… Car là m'attendait une nouvelle déconvenue : elle m'apprit que nous étions trois familles en lice pour l’appartement ! Je lui fis part de mon étonnement, mais elle me dit d'un ton désagréable que c’était la loi DALO qui voulait ça, qu’il y avait certes une liste de priorité mais qu’ils n’étaient pas tenus de la respecter. J’entendais tout à fait ce qu’elle me disait, mais d'un coup je me suis senti désemparée, tout d’un coup tous mes espoirs s’écroulaient.

Je rappelai alors l’adjoint au maire pour lui faire part des propos de l’agent, mais il me rassura. Malgré son optimisme, je ne pouvais m'empêcher de paniquer et j'ai passé plus de dix jours à angoisser. Je ne dormais plus, un mal de ventre ne me quittait plus. Le mercredi du jour de la commission, j’appelai dans l’après-midi pour connaître le résultat. Elle me dit sèchement qu’il fallait que j’attende le vendredi pour avoir la réponse. Mais le soir même, alors que je ne m’y attendais plus, l’adjoint m’appela pour me rassurer.

Après avoir passé un an et demi sans logement, ça y est, c'est sûr, nous allions avoir enfin un vrai appartement rien qu'à nous ! Je n’ai pas réussi à décompresser tout de suite, et je n'ai pas encore réussi à fêter cette nouvelle comme il se doit. Jusqu’au bout j’ai été prudente, voire méfiante, je n'en ai parlé à personne ou presque, et je n’ai été rassurée que quand j'ai eu le papier entre les mains qui me conviait à visiter l’appartement afin que je dise si je l’acceptais (comme si la question se posait ! comment pourrais-je refuser un toit que l’on attend depuis si longtemps ?)

Mais je n'ai pas pu le visiter tout de suite car nous étions un vendredi et le lendemain je descendais à Bordeaux voir mes enfants, cela faisait deux semaines qu’ils étaient en vacances chez leurs grands-parents. Quand j'ai annoncé la nouvelle à Jules, il a crié : « Super ! On va avoir nos lits superposés ! »

Maintenant je l'ai vu, et il me plaît beaucoup. J'ai rendez-vous demain pour la signature du bail, inutile de vous dire combien je suis impatiente et excitée. Nous emménagerons très vite, et le plus tôt possible on fera une grande pendaison de crémaillère où vous serez tous invités ! Et enfin nous pourrons sortir le champagne ! Et je pourrai tous vous remercier, ceux qui nous ont soutenus, ceux qui nous ont hébergés, ceux qui nous ont aidés, ceux qui nous ont écrits. A bientôt !

vendredi 12 juin 2009

Depuis que nous nous sommes posés dans l’appartement que je sous-loue à Marx-Dormoy, nous vivons une vie presque normale. Nous avons notamment bien profité des week-ends de trois jours, sans avoir à déménager ni même à y penser...

Comme il a fait plutôt beau au mois de mai, nous avons souvent pique-niqué et passé beaucoup de temps dehors avec les amis du quartier. Il y a une bonne ambiance, les enfants jouent ensemble et les parents discutent, tout le monde y trouve son compte.

Nous avons aussi fêté plusieurs anniversaires, dont celui de Jules. Comme à l’habitude, nous l’avons fait dans un parc. Avec tous les copains invités, plus les petits frères et sœurs, ainsi que les parents qui finalement restent car on aime bien aussi se retrouver, il vaut mieux être à l’extérieur.

Nous n’avons jamais de chance avec Jules, il ne fait jamais très beau le 16 mai. Cette année n’a pas échappé à la règle : lorsque nous sommes arrivés au jardin, il pluviotait. Le jardin était désert. Mais je suis têtue et je n’ai pas annulé : nous nous sommes installés sous une sorte de préau, nous avons mis des décorations et le monsieur qui tient le bar à côté est venu nous proposer une table et des chaises. Le temps a commencé à changer. Plus la journée avançait, plus il faisait beau. Les enfants ont pu profiter des aires de jeu sans se mouiller, ils ont mangé de bons gâteaux et bonbons à leur guise, on a organisé des jeux avec des ballons et du riz. D'autres enfants se sont joints à nous. C’était un bel anniversaire.

Ceci dit, ce n’est pas tous les jours tout rose… De ne plus être dans l’urgence, d’avoir une tranquillité de plusieurs mois m’a relâché, et j’ai ressenti une grande fatigue morale et physique due au contre-coup de tous ses mois passés sous tension.

Le matin, on a eu tous les trois plus de mal à nous réveiller, et Jules a été assez souvent en retard à l’école. La directrice de l’école a demandé à l’assistante sociale de m’appeler pour trouver une solution. La solution est simple : des vacances et à notre retour un appartement où l’on pourra vraiment s’organiser, où Jules aura un coin à lui, où il pourra ranger ses affaires d'école, un bureau… et arrêter de focaliser sur les petits retards, même si je comprends bien que chacun ne peut arriver à n’importe quel moment.

De manière générale, je trouve qu’en France on pointe toujours les côtés négatifs des élèves. On ne prend pas assez en compte le rythme de chaque enfant et on ne met pas assez en valeur ses qualités et ses progrès. On rappelle toujours ce qui ne va pas à l’enfant et qu’il devrait faire des efforts… Je trouve cela vraiment dommage car des enfants qui ne sont pas « scolaires » mais malgré tout très intelligents sont quasiment voués à l’échec.

Je remercie tous les messages des internautes mentionnant mon "courage", mais je dois dire que les personnes qui m’entourent m’ont vraiment aidée : toute seule, j’ai souvent tendance à perdre ma patience avec les enfants, alors de cohabiter avec d’autres mamans m’a permis de me calmer et de prendre plus sur moi. Pouvoir parler avec d’autres parents de problèmes que l’on rencontre avec nos enfants est vraiment bénéfique. Souvent, on se rend compte que les autres parents se trouvent face aux mêmes difficultés, ça permet de relativiser un peu nos peurs.

Le résultat du concours est tombé et je n’ai pas été sélectionnée pour l’oral. Je m’en doutais un peu mais le côté positif, c’est que maintenant je sais comment se déroulent les épreuves. Je serai mieux préparée pour l'année prochaine.

Je vous remercie encore tous et toutes pour votre fidélité et votre soutien. Cela n'aura pas servi à rien : si tout se passe bien, la prochaine fois je devrai être en mesure de vous annoncer une grande nouvelle. Mais chut ! je suis superstitieuse, et j'attends une confirmation tout à fait formelle pour tout vous raconter. A bientôt !

jeudi 14 mai 2009

Les enfants sont revenus la veille de la rentrée. Comme à l’habitude, ils ne m’ont pas demandé dans quelle maison nous irions. Avant qu’ils arrivent, j’ai pu installer nos affaires dans notre nouvel hébergement temporaire. Anatoli, par qui j’ai eu l’annonce, m’a aidé avec son camion à trimballer nos sacs. Nous y sommes pour trois mois.

Je suis vraiment contente de pouvoir finir l’année scolaire comme cela, nous serons comme chez nous même si en réalité ce n’est pas le cas, car nos affaires sont toujours dans les caves et nous avons pris avec nous le minimum. Mais cette fois-ci, nous ne partagerons pas l’espace, nous sommes seuls. Bien que nous ayons pris l’habitude et trouvé du plaisir à cohabiter, je préfère être seule avec mes enfants : même si les personnes vous accueillent à bras ouvert et font tout pour que vous vous sentiez à l’aise, on ne peut s’empêcher de penser que l’on dérange…

Parfois, la relation que j'ai avec les enfants change selon les foyers où nous sommes hébergés. Je peux autoriser ou refuser des choses différemment. Autant que possible, j’essaye de garder les mêmes règles, histoire que tout ne soit pas en désordre et que ce soit seulement le cadre de vie qui change. Tout en surface, mais rien dans le fond… Mais ce n'est pas toujours facile, il faut s'adapter aux moeurs et aux coutumes locales !

Ici, Orphée et Jules partagent le grand lit dans la chambre. Ce n’est pas génial, car Orphée empêche Jules de dormir et l’embête sans arrêt. Peut-être je devrais rajouter un petit lit malgré le peu de place. Je dors dans la pièce à côté sur le canapé-lit. C’est aussi dans cette pièce que l’on mange car la cuisine est trop petite pour y mettre une table.

L’appartement est tout petit mais assez agréable, car il se trouve au quatrième étage plein sud sans vis-à-vis. Il donne sur une grande cour au milieu de différents immeubles dont un est pourvu d’un grand jardin. L’appartement est propre, calme et lumineux.

Il y a plusieurs familles chinoises dans l’immeuble et les jeunes filles jouent dans le couloir où dans le hall de l’immeuble. Lorsqu’on les croise, elles nous disent bonjour en chinois : « Nǐ hǎo ». J’aime beaucoup leur répondre dans leur langue et leur demander d’autres mots courants, mais je les oublie aussitôt. C'est Jules qui m’a appris le mot pour dire bonjour, car dans sa classe en maternelle il y avait des enfants d’origine chinoise qui lui avaient appris quelques mots. C’est une grande richesse pour les enfants de côtoyer d'autres personnes d'origines et de milieux différents.

Avant les vacances, alors que je sortais de chez Florie pour amener Orphée à la crèche je suis tombé sur une très belle étagère abandonnée sur le trottoir. Je me suis dit : « c’est un signe ». Avec l’aide de Florie, nous l’avons mis à l’abri dans l’entrée de l’immeuble. J’ai appelé plusieurs personnes susceptibles de pouvoir accueillir mon nouveau bien, et finalement c’est P. et C. qui ont répondu favorablement à ma demande.

Je repense à tout ce qu’ils ont fait pour nous. C’est incroyable… Ils nous ont hébergés pendant des mois et depuis plus d’un an leur salon est encombré par nos multiples affaires ! Je suis pressée de les débarrasser, pour qu’enfin ils retrouvent leur espace bien à eux.

dimanche 26 avril 2009

Il y a un mois j’ai reçu une invitation assez inattendue de Nathalie Kosciusko-Morizet : Secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique.

L’invitation était présentée comme cela :

Est-ce à vous que je dois dire qu’internet est le lieu de tous les possibles et peut changer du tout au tout une vie ? Non sans aucun doute. Et c’est pour découvrir votre parcours et votre relation particulière à la toile, que je serai heureuse de vous rencontrer lors d’un dîner le :

Lundi 6 avril, à partir de 21h au Secrétariat d’État chargé de la Prospective et du Développement de l’économie numérique à l'Hôtel de Broglie, 35 rue Saint Dominique, 75007 Paris

Cette soirée conviviale, placée sous le signe des femmes, nous permettra d'échanger sur nos itinéraires et expériences numériques respectives.

En vous remerciant de bien vouloir confirmer votre participation avant le 1er avril auprès ….

Une invitation que j’ai déclinée car je trouvé déplacé le message d’introduction au vue de ma situation.
Internet n'a pas "changé du tout au tout" ma vie : malgré le succès de mon blog et la couverture qu'il a eu dans les médias français et étrangers, je suis toujours sans logement et je continue à errer d'appartements en appartements avec mes deux enfants. Du moins pour le moment. J’aurais peut-être accepté et pris le temps "d'échanger sur les itinéraires et les expériences numériques", si nous avions enfin un toit.
A ma réponse négative, j’ai été invité au ministère pour rencontrer la directrice de cabinet de Mme la Ministre.
J’y suis donc allée, je me suis dit : sait-on jamais, peut-être ils pourront m’aider… Mais ce fut assez décevant car clairement sur Paris ils ne peuvent rien faire.
Mme la Ministre m’a expliquée comment se répartissait le parc de logement social et comment sont attribués les logements… Elle est maire de Longjumeau et pourrais éventuellement me trouver un logement là-bas…
Ça va sans doute faire hurler quelques lecteurs mais j’ai expliqué que je n’étais pas intéressée pour les raisons que j’ai déjà soulevées dans ce blog. Je reviendrais peut-être sur ma décision si je ne trouve rien pour la rentrée en septembre car il est clair que ne nous referons pas une année comme celle-ci !

mardi 14 avril 2009

Nous devions rester deux nuits chez Florie, nous sommes finalement restés un mois ! Florie est jeune, elle est encore étudiante, très compréhensive de notre situation, voire même plutôt révoltée. Son fils Tinaël est à la crèche avec Orphée. Nous devions rester deux jours mais après un désistement d’hébergement elle nous a accueillis une semaine, puis sachant qu’elle serait absente en fin de semaine suivante pour huit jours elle nous a proposé de rester en attendant. A son retour je n'avais toujours rien trouvé alors elle a accepté de nous héberger jusqu’aux vacances…

Elle nous avait déjà accueillis en octobre, mais alors elle était absente et nous avait laissé les clés. Vous savez, c’est cet appartement près de l’église St Bernard où il y avait une chatte dont Jules aimait bien s'occuper (mais à sa déception, la chatte a disparu). Cette fois-ci nous cohabitons, mais comme ce n’est pas très grand Jules et Orphée dorment sur des matelas par terre dans la chambre de Tinaël, et Florie et moi partageons le canapé-lit du salon.

Tinaël est fils unique et il n’a pas l’habitude de partager sa chambre : il était très excité d’avoir des compagnons de nuit, mais il avait aussi du mal à s’endormir le soir. Il faut dire que l’on est arrivé en force ! Il ne reçoit pas juste un copain, mais toute une famille !

Tout le monde n’accepterait pas une telle situation ! C'était vraiment chouette de cohabiter ainsi, nous avons bien réussi à nous organiser. Les enfants mangent en premier, tous les trois à la même table, à converser de choses et d’autres, à se chamailler aussi, ça fait partie du jeu, les enfants c’est ça aussi… Puis lorsqu’ils sont couchés et que la maison est plus calme, nous mangeons à notre tour.

Parfois Orphée et Tinaël rentrent ensemble de la crèche avec Florie. Le plus souvent ils se tiennent la main et sont très mignons, mais il est arrivé que le retour soit une véritable épreuve ! C’est toujours pareil, quand l’un veut courir, l’autre préfère s’arrêter et regarder tout ce qui l’entoure, et c’est un vrai dilemme de contenter les deux !

Florie m'a dit l'autre jour que la cohabitation lui a donné des envies de colocation... Ça fait plaisir, ça sous-entend que notre présence était agréable malgré cette grande promiscuité !

Ce dimanche, nous partons une semaine ensemble tous les trois en vacances, puis la deuxième semaine les enfants irons chez mes parents. Cela va vraiment nous faire du bien de nous retrouver ensemble sans courir partout… Un vrai moment de détente... En effet, cette fois je n'aurais pas à me poser des questions d’intendance, car j’ai trouvé une sous-location pour trois mois ! Nous aurons l’appartement la veille du retour des enfants, il est situé dans notre quartier entre la crèche et l’école. C'est un petit deux-pièces qui va nous permettre de finir l’année scolaire plus posément. C’est un papa qui avait sa fille l’année dernière à la crèche qui m’a envoyé l’annonce qu’il avait reçu d’un copain d’un copain… Voyez comme le bouche à oreille fonctionne !

A son grand étonnement, il a reçu énormément de réponses à son annonce. Mais après que je lui ai exposé notre urgence il nous a très vite dit oui. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai eu l'impression que tout devenait facile... Mais après toutes les déconvenues de ces derniers mois, je ne peux m’empêcher d’être inquiète… Il pourrait changer d’avis... Il pourrait ne plus avoir à s’absenter... Je deviens parfois paranoïaque, il faut que je fasse confiance, relâcher un peu... Tout va bien se passer ! Et je décide que cet appartement sera le dernier avant notre vrai chez-nous !

mercredi 25 mars 2009

Je me sens de nouveau plein de courage. Oui je suis confiante, il va se passer quelque chose. Peut-être c'est le soleil de ces derniers jours qui me redonne cette force, mais qu’importe la raison : ce qui compte c’est que je me sens de nouveau d’attaque !

Une lectrice du blog m'a proposé de lui louer son bateau qui est amarré en banlieue nord de Paris. Comme certains semblent croire que je ne veux pas y habiter par pure obstination, je me sens obligée d’expliquer pourquoi… En fait ce n’est pas à 15 minutes de la Gare du Nord mais plutôt à 40 ! J’ai calculé qu’il nous faudrait partir le matin vers 7h 40 pour être à l’heure à l’école, et encore je n’ai pas calculé le temps de marche… Je ne crois pas que tout ces trajets soient très sains pour les enfants.

Par ailleurs le bateau est tout petit, les enfants n'auraient pas eu d’espace de jeux dans leur chambre. Sans doute quand il fait beau c’est génial, on peut jouer dehors tout le temps mais par le froid et la pluie, rester enfermé dans un bateau…

J’étais malgré tout très contente à l’idée d’habiter sur l’eau, surtout avec les beaux jours, mais nous devons rester dans le 18ème au moins jusqu'à la fin d’année scolaire. Je pourrais éventuellement inscrire Jules dans une nouvelle école (même si je pense qu’arriver en fin d’année est difficile) mais jamais je ne trouverais une place en crèche pour quelques mois ! Orphée rentre en maternelle en septembre…

Je ne suis pas contre déménager pendant l’été, même si je préférerais rester dans le quartier. Construire un réseau autour de soi lorsque l’on arrive dans un nouveau lieu, ça prend du temps… Dans le 18ème on peut rendre visite à des amis sans prévenir, ou juste en passant un petit coup de fil. Il y a beaucoup d'entraide entre parents. Je sais que si jamais j’ai du retard le soir à l'école ou la crèche, j’appelle un parent et mes enfants sont en lieu sûr… Tout ça je ne le retrouverai pas ailleurs, du moins pas tout de suite…. Et pour le moment nous avons besoin de ça. Si un jour nous partons, c'est que nous l'aurons décidé vraiment.

Je viens de finir la lecture de « Suis-je encore vivante ? » de Grisélidis Réal. C’est le journal de cette femme (maman de quatre enfants) qui a passé sept mois en prison à Munich dans les années 60. Malgré la dureté de la vie en prison, elle reste d’un optimisme incroyable !
Après ce genre de lecture on relativise beaucoup avec notre propre vie. J’ai lu des billets me concernant sur certains blogs dont une qui marquait qu’elle relativisait la lenteur des travaux dans sa maison après avoir lu mon blog !… C’est sûr il y a toujours des situations bien pires que les nôtres, moi au moins je suis en liberté et avec mes enfants !

Mon contrat à l’université arrivait à sa fin le 2 mars. Jusqu’au dernier moment je ne savais pas s’ils allaient pouvoir me garder. Finalement ils m’ont repris sous un autre contrat, cette fois-ci en vacation à 80 %. J’ai aussi passé des oraux dans plusieurs universités à l’occasion de recrutement sans concours. Je suis sur liste complémentaire dans deux universités : Jussieu et l’université où je travaille (Paris Descartes). Dans cette dernière, je suis première sur la liste complémentaire, il y avait un seul poste et ça s’est joué de peu. Si un poste venait à se libérer dans l’année, je serais titularisée…. Je croise les doigts….

En attendant je passe le concours jeudi prochain. Je sais que ça va être difficile malgré la préparation que j’ai suivie car ce n’est pas facile d’étudier dans ces conditions.

vendredi 20 mars 2009

Je n’en peux plus et pourtant je sais que je ne dois pas flancher. Non, pas maintenant. Bientôt 15 mois de galères et il ne se passerait rien... non...
Une personne m’a laissé un message peu encourageant, me disant qu’il fallait que je renonce… et que les services sociaux pourraient me demander de leur confier mes enfants !...
Il ne manquerait plus que ça ! Non seulement je dois me débrouiller toute seule, et en plus ils pourraient me prendre mes enfants ! Je ne fais rien de mal, je lutte juste pour qu’enfin ma famille puisse avoir un logement. J’ai encore ma tête sur les épaules. Mes enfants vont très bien, ils sont parfaitement normaux et n’ont aucune déficience par rapport à leurs camarades. Ils sont extraordinaires car ils s’adaptent incroyablement ! Orphée a même laissé ses couches la journée, et il n’a que 2 ans et demi. Il ne l’aurait certainement pas fait si la vie qu’il menait le tracassait….Quand ils râlent c’est pour des choses tout à fait banales comme n’importe quels enfants de leurs âges.
C’est moi qui suis épuisée, mais quand je suis avec mes enfants j’utilise toutes mes forces pour qu’ils soient heureux. C’est quand je ne suis plus avec eux que parfois je m’effondre, que mes forces me lâchent… D’ailleurs quand nous rencontrons des personnes et qu’ils apprennent notre situation, ils tombent de haut comme on dit….Ils me disent souvent qu’ils ne pouvaient pas s’imaginer que l’on se trouve dans cette situation…
Et de ça je suis fière…

lundi 16 mars 2009

Lorsque les enfants sont rentrés de vacances nous n’avions nulle part où aller. J’ai dû solliciter de nouveau Emmanuelle pour que l’on puisse rester jusqu’au mercredi. J’étais très gênée et honteuse, je lui ai envoyé un texto et elle m’a répondu ceci : « Julie je ne peux te dire non. Rien que de vous imaginer tous les trois dehors me donne des frissons »…

Ensuite nous sommes allés chez Kamini. Lorsque l’on arrive dans un nouveau lieu on met toujours un peu de temps à s’adapter. Les enfants ont eu une ou deux nuits difficiles. Kamini a deux fils, Anton et Achille. Ils connaissent bien Jules et Orphée, et ils s’entendent très bien, ils étaient très excités de dormir ensemble. Ça leur arrivait de passer quelquefois le week-end ensemble mais c’est dans un esprit de fête. Tandis que là ils avaient école le lendemain. Ils savent bien que ce n’est pas une situation normale, donc c’est perturbant pour eux, et on peut dire que l’on n’a pas très bien dormi au début ! Les uns après les autres, ils se sont réveillés au milieu de la nuit ! Mais malgré le réveil difficile, on est arrivé à l’heure à l’école, et avec le sourire.

Nous avons cohabités seulement deux nuits avec Kamini et ses deux garçons. Ensuite les enfants sont partis chez leur papa, et Kamini nous a gentiment laissé son appartement pendant une semaine. Puis toute la petite famille est revenue vendredi, et c'est Florie qui nous a accueillis pour deux nuits.

Nous devions ensuite emménager pour une semaine chez une personne qui m’a contactée suite à mon dernier post. Ils partent une semaine en vacances. Son ami ne connaissait pas du tout notre histoire, il a été très étonné lorsqu’elle lui a annoncé qu’elle souhaitait nous prêter leur appartement ! Je le comprends, ça peut être gênant de laisser des inconnus entrer dans l'intimité de son foyer... On devait se voir tous les trois pour en parler, mais finalement la rencontre ne s’est pas faite, il était trop réfractaire, elle a préféré annuler. Elle était très ennuyée au téléphone, car elle aurait dû en parler d'abord avec son ami et être sûre de son accord avant de m’appeler.

En ce moment on est vraiment sur la corde, je n’ai que des plans de dernière minute… Quand ils ne sont pas annulés…

Florie m’a téléphonée juste après ce coup de fil qui m’avait tant découragée, et j’ai eu très peur qu’elle aussi se désiste, mais heureusement c’était seulement pour discuter de l'organisation. Et comme je lui faisais part du désistement et de notre problème de maison pour la semaine suivante, elle nous a proposé de rester plus longtemps. Ce n’est pas grand, un deux-pièces, mais elle m’a dit en riant : « C’est pas grave, on fera du camping, on s’arrangera… »... On est donc chez elle cette semaine.

Finalement j’ai plutôt de la chance, car pour l'instant tout finit toujours par s’arranger tant bien que mal, mais psychologiquement ce n’est pas facile. Heureusement les enfants n’étaient pas là lorsque j’ai reçu l’appel, sinon ils auraient vu ma détresse et je ne le veux pas. Je commence à trouver le temps long et je pense de plus en plus au jour ou l’on posera nos sacs définitivement...

vendredi 6 mars 2009

J’avais réussi tant bien que mal à trouver des solutions pour le mois de mars, je pensais être tranquille pour un mois et voilà que jour après jour mon téléphone à sonné pour des annulations, parfois même à la dernière minute. J’ai dû improviser pour cette semaine, Kamini qui nous avait déjà hébergés en septembre a gentiment accepté de nous accueillir de nouveau pour quelques jours.

Le fait est que cette situation me met à bout de souffle. Je suis extrêmement fatiguée, je ne parviens plus à dormir correctement, je suis de moins en moins joviale et je n'ai plus la force de faire les démarches que je devrais faire. Je ne me sens pas du tout au bout du chemin comme certains le pensent. Il est vrai que Camille souhaite acheter un appartement pour ensuite nous le louer mais le projet est encore très loin d’aboutir ! On n’achète pas un appartement comme on achète une chemise !....

En attendant il faut de toute urgence que je trouve quelque chose pour les semaines qui viennent. Je n’ai plus d’opportunités d’hébergement dans mon quartier, et je ne veux ni ne peux solliciter les mêmes personnes qui jusqu’à présent nous ont si généreusement aidés. J’aimerais tellement que la mairie se manifeste mais jusqu'ici je n’ai toujours pas eu de nouvelles…

Je fais donc un appel ici pour une sous-location d’un mois ou plus dans le 18ème ou arrondissements limitrophes. Tout type de logement mais n’excédant pas 700 euros. Si vous entendez parler de quelque chose de ce genre, merci de faire le lien !

jeudi 26 février 2009

C'est les vacances scolaires, les enfants rentrent samedi soir avec leur grand-mère et je dois absolument trouver un lieu pour les accueillir. Du coup je n'arrive pas vraiment à me reposer pendant leur absence.

Une amie m'a proposé une sous-location dans le 19 ème qui est finalement tombée à l'eau. Elle part fin février et a tout de suite pensé à nous, sauf que la propriétaire a estimé que le loyer n'était pas assez élevé et a voulu doubler le prix… Finalement mon amie s'est disputée avec elle car elle est contre ce genre de pratiques.

Pendant ce temps, je loge chez une amie d'Emmanuelle qui m'a prêté son logement, une petite maison au fond d'une cour, c'est très agréable, on se croirait à la campagne.

J'aimerais trouver un logement de transition avant d'emménager dans notre appartement. Un logement où on pourrait se poser un peu sans que je me demande sans cesse où nous irons après. C'est drôle, les enfants ne me demandent jamais rien. Sans doute ils me font confiance… Jules est très partagé sur le fait de retrouver un toit. Il me dit qu'il préfère « vivre comme un bohémien » car il n'est jamais seul et rencontre plein d'enfants, mais en même temps je sais qu'il voudrait bien récupérer ses jouets. Il se souvient parfaitement de tous ceux qui se trouvent dans la cave !

Camille est venue à Paris cette semaine, nous avons pu visiter quelques appartements ensemble. Je dois en voir trois autres ce week-end avant qu'elle choisisse celui qui sera le plus intéressant à la fois pour elle et pour moi. Evidemment je n'ai pas carte blanche, elle m'a donné ses exigences, cela va de soi.

Une lectrice m’a fait la remarque : « Cela doit être une expérience particulière de passer des interminables dossiers de demandes d'HLM à acheteuse potentielle via des agences immobilières ». Effectivement, cela est assez étrange mais ce qui m’a le plus dérouté c’est comment l'accueil change dans les agences immobilières. Lorsque je me présentais avec mon petit dossier pour une location, ils n’avaient rien à me proposer… Une agence m’avait même dit sèchement qu’avec deux enfants je devais obligatoirement avoir un trois pièces sinon les assurances ne fonctionneraient pas, sauf qu’avec mes revenus ils ne pouvaient rien me proposer de tel… J’étais dans une impasse. Et voilà que la même agence m’a fait des ronds de jambe lorsque je me suis présentée pour acheter un appartement avec Camille. Cela ne m’a pas fait plaisir, j'ai même trouvé cette attitude assez pitoyable !

samedi 7 février 2009

J'ai contacté plusieurs agences immobilières de mon quartier et j'ai commencé à visiter quelques appartements. Ce n'est pas évident de m'organiser pour trouver du temps, mais j'en ai quand même vu une dizaine. Je ne sais pas comment l'expliquer mais je me suis rendu compte qu'il m'est difficile de me projeter dans un appartement à moi. Peut-être parce que cela fait longtemps que l'on est sans domicile. Ou bien c'est que je n'arrive pas à y croire…

J'ai fait l'erreur de visiter un appartement au dessus du budget que Camille m'a fixé. L'agence m'a dit qu'il serait facilement négociable, car il est en vente depuis déjà plusieurs mois. Mais en fait le propriétaire actuel n'est pas prêt à baisser le prix. L'appartement m'a beaucoup plu mais il ne faut plus y penser. Quand on doit acheter quelque chose avec un budget précis, mieux vaut ne pas regarder au dessus !

Sinon j'ai vu beaucoup d'appartements qui nécessitaient des travaux ou un rafraichissement général. Pourquoi pas, du moment que cela reste dans le budget. J'ai demandé à Emmanuelle de faire quelques visites avec moi car j'ai besoin de conseils. A force de visiter, je commence à me rendre compte des prix pratiqués et ce à quoi je peux m'attendre, mais un deuxième œil me rassure. Même si au final c'est Camille qui choisira.

Je suis à la fois pressée car j'ai hâte de poser nos sacs et de retrouver un chez nous où l'on pourra s'installer pour de bon et inviter nos amis… Et en même temps, j'ai envie de prendre mon temps pour choisir vraiment l'appartement où l'on se sentira bien, Orphée, Jules et moi.

Pour l'instant, nous sommes toujours logés chez Emmanuelle. Je lui ai demandé si l'on pouvait rester jusqu'aux vacances des enfants et elle a accepté. Cela nous a fait du bien de nous poser un peu. La rentrée a été difficile et je n'arrivais pas à m'organiser et à être efficace. Mais petit à petit la vie a repris son cours et de nouveau je retrouve l'énergie pour le quotidien. Nous avons passé de bons moments tous les six, comme la fête pour les six ans de Louise. Jules s'est retrouvé le seul garçon à la fête ! Il a fini dans la chambre à regarder « Les aristochats » avec Orphée et une petite fille qui s'était fâchée avec ses copines.

J'ai reçu un courrier de la préfecture concernant mon dossier DALO. Ils ont mis sept mois pour s'apercevoir que mon dossier est incomplet ! Ils me demandent maintenant de leur retourner le dossier complété sous un mois afin d'étudier mes droits ! Vu leur lenteur, je me demande si c'est bien la peine que je leur réponde. Ma situation aura changée, j'aurai un appartement et je ne serai plus admissible... Tant d'énergie et de temps pour rien…

Ce qui me fait peur, même si je vais enfin retrouver un toit pour nous, c'est que je ne vais plus être prioritaire au niveau des HLM. Pourtant, dans l'idéal, je souhaiterais un jour que l'on ait deux chambres, une pour les enfants et une pour moi. Mais à Paris, habiter dans plus de 35 m2 est un luxe !

vendredi 16 janvier 2009

Bonjour à tous et meilleurs vœux pour 2009. Cette année commence douloureusement pour nous. Mon frère aîné est décédé brutalement le 3 janvier dernier. Nous ne sommes donc pas revenus à Paris pour la rentrée comme prévu, nous sommes restés chez ma mère jusqu'aux obsèques qui ont eu lieu vendredi dernier. Entre-temps, Jules a été hospitalisé à Bordeaux à cause d'une pneumopathie et je l'ai accompagné à l'hôpital quelques jours. Il en est sorti dimanche mais il reste en convalescence chez ma mère une semaine de plus.

Je suis donc rentrée dimanche soir à Paris avec Orphée. Au dernier moment, j'ai sollicité de nouveau Emmanuelle, car nous devions rendre l'autre appartement lundi et je ne savais pas du tout où aller. Emmanuelle a accepté sans hésiter de nous héberger de nouveau. Nous sommes directement allés chez elle. Après avoir couché Orphée, je suis allée chercher nos affaires à l'appartement où nous étions avant les vacances. J'ai tout rassemblé dans plusieurs sacs et j'en ai mis une partie dans un coin. Je ne pensais pas avoir accumulé autant d'affaires en un mois, je ne pouvais tout déplacer en une seule fois. Ne pas avoir d'appartement est de plus en plus dur à gérer concrètement. Je ne supporte plus de faire un sac, même pour partir en vacances, ça me dépasse… Je devrais pourtant être une pro du sac ! Il faut tout le temps veiller à ne garder que le strict nécessaire. J'ai donc pris le plus gros, et j'y suis retourné le lendemain matin pour finir de tout déménager et rendre les clés. On va rester chez Emmanuelle un petit moment, je vais essayer de trouver une autre solution très vite. Le week-end prochain, elle reçoit sa sœur et ses neveux. Elle nous propose quand même de rester, mais je préfère lui libérer la place pour qu'elle puisse recevoir sa famille tranquillement. Je ne sais pas encore où nous irons mais je pense à une amie qui habite à Pantin et qui a proposé de nous recevoir au besoin. Nous verrons.

Voilà donc les nouvelles... Nous sommes repartis dans le quotidien et nous essayons de rester debout. A la fin du mois, cela fera un an que nous sommes sans logement. En quittant notre appartement en janvier 2008, je ne pensais évidemment pas que ça durerait aussi longtemps. C'est une drôle de vie quand même que nous avons depuis un an. C'est dur parfois de ne jamais pouvoir se poser.

Cependant il est arrivé quelque chose d'incroyable que je veux vous raconter même si rien n'est encore fait formellement. Notre problème pourrait trouver une solution plus rapidement que je ne l'imaginais.

Une personne a décidé de nous aider. Elle s'appelle Camille. Je ne la connaissais pas, elle m'a contactée après avoir lu l'article dans Le Monde en novembre dernier. J'avais reçu beaucoup de messages à ce moment et celui-ci s'était perdu au milieu des autres. Un mois plus tard j'ai fini par le retrouver et j'y ai répondu.

Camille a d'abord proposé de nous prêter un appartement qu'elle possède dans le 16ème. C'était une proposition très généreuse, mais il nous était difficile dans un premier temps d'habiter aussi loin à la fois de la crèche et de l'école qui sont au nord de Paris, et de mon travail qui est en banlieue sud. J'aurais dû passer 3 ou 4 heures par jour dans les transports, et je ne sais pas si j'en aurais eu la force. C'était néanmoins une solution envisageable à partir de l'été, car j'aurais alors pu changer les enfants d'école et les inscrire dans ce quartier.

Finalement on s'est rencontrées, et elle m'a fait alors une autre proposition encore plus généreuse : elle voudrait acheter un appartement dans notre quartier pour nous le louer à prix modéré.

Je dois dire que je n'imaginais pas que de tels gestes étaient possibles ! Toute cette histoire m'aura finalement beaucoup rassurée sur la bonté de certaines personnes. Nous sommes donc actuellement en train de chercher un appartement à acheter dans le quartier. Cela devrait prendre un peu de temps avant qu'on emménage définitivement, mais cela met de l'espoir dans toutes mes actions.

Qui êtes-vous ?